Le réalisateur Mohamed Latrèche annonce la sélection de son film documentaire «Zinet, Alger, Le bonheur» au 45e Festival International du Cinéma Méditerranéen de Montpellier. Le film sera présenté en séance spéciale dans le cadre d'un hommage à Mohamed Zinet qui verra la projection, pour la première fois, la version restaurée de deux courts métrages de René Vautier dans lesquels Zinet joue le rôle principal. Notons que Zinet a fait ses débuts au cinéma en France, en 1969, devant la caméra de René Vautier qui lui confie un rôle de travailleur algérien dans Les Ajoncs. Cette fable humoristique, tournée entre Paris et Douarnenez, exploite à merveille la fragilité et la fibre burlesque, quasi chaplinienne, de Zinet. Ils tourneront ensemble un nouveau film court, «Les trois cousins». Ces deux films viennent d'être restaurés et le Cinemed les associera au film de Mohammed Latrèche pour un focus inédit sur Zinet. La projection du programme aura lieu le samedi 27 octobre. Ceci intervient juste après la sélection du documentaire «Zinet, Alger, le bonheur» en compétition À la 6ème édition du Festival du Film d'Al-Gouna, qui vient d'annoncer récemment, son report, en raison des événements tragiques qui secouent la Palestine. «Ce film part à la recherche des traces de Mohammed Zinet. Si son image est associée en France à son travail de comédien dans les films français des années 70, en Algérie, Mohamed Zinet est un tout autre personnage. Il est l'auteur d'un film culte, une balade déjantée dans Alger, habitée par la joie de vivre et les traumatismes de la guerre d'indépendance: «Tahya Ya Didou». nous indique le communiqué de presse, qui ajoute: «Dans les pas de son aîné, dans les ruelles de la Casbah ou sur le port d'Alger, Mohammed Latrèche retrace l'histoire de «Tahya Ya Didou» et de son réalisateur inventif et talentueux.». Dans «Tahya ya Didou», Zinet raconte la Casbah et la ville d'Alger au lendemain de l'indépendance, à travers une vision hautement esthétique et un élan artistique dans lequel la poésie se mêle au réalisme. Cette belle oeuvre se distingue également par l'apport que le poète, ami du réalisateur, Himoud Brahimi, dit «Momo» (1918-1997) a apporté au succès du film dans une scène d'anthologie où il s'adresse en prose à la ville depuis la mer, dans un dialogue poétique dont des générations se souviennent et récitent encore les vers. Lors du tournage de son film, la grande figure du cinéma algérien a eu recours à des éléments de langage du terroir, dont la fantasia, ou encore le haïk, dans les quartiers d'Alger, dans un langage qui oscille entre le documentaire et le récit. Né en 1932 à la casbah d'Alger, Mohamed Zinet a fait ses débuts dans le théâtre au début des années 1950, avant de rejoindre en 1958, les rangs de la Révolution en tant qu'officier de l'ALN (Armée de Libération nationale). Le transfert urgent de Zinet en Tunisie, grièvement blessé lors d'une mission, a donné un autre tournant à sa vie dans la mesure ou il avait rejoint la même année, la troupe artistique du Front de Libération nationale (FLN). Au lendemain du recouvrement de l'indépendance, il a également travaillé comme assistant réalisateur avec Ennio Lorenzini dans le film «Mains libres» (1964) et Gillo Pontecorvo dans «La bataille d'Alger» (1966), ces deux films étant produits par «Casbah films», première entreprise de production cinématographique algérienne, fondée par Yacef Saadi, figure emblématique de la Zone autonome durant la Guerre de Libération. Il a également collaboré en tant que comédien avec d'autres cinéastes, Sarah Maldoror et René Vautier notamment. Pour rappel, Mohamed Latrèche est né à Sidi Bel-Abbès en 1973. Il a réalisé deux fictions, «Rumeur, ETC» (2003) et «L'aide au retour», ainsi que des documentaires, notamment «À la recherche de l'Emir Abdelkader» (2004) et «Boudjemaâ et la Maison Cinéma» (2019). Rappelons que «Zinet, Alger, Le bonheur» est coproduit par Sb Films, Vivement Lundi et le cadc. Le film est soutenu par le ministère de la Culture et des Arts.