La rencontre d'hier devait se tenir à huis clos, mais on l'a ouverte à la presse parce qu'on n'a rien à cacher. Ainsi parlait Soltani...Mais la réunion s'est déroulée à huis clos. Les journalistes ont été conviés aux discours d'ouverture pour quitter aussitôt les lieux et laisser les «frères ennemis» laver le linge sale en famille. Belkhadem dit qu'il s'agit d'une rencontre-bilan. «Nous allons essayer d'évaluer ce qui a été positif et ce qui ne l'a pas été». Idem pour Ouyahia. «Nous allons faire le bilan et tenter de donner à l'Alliance une énergie», lance-t-il. En choeur, les trois responsables disent qu'ils tiennent à l'Alliance comme à la prunelle de leurs yeux. Et sur les plans matériel et moral, l'Alliance a réussi. C'est Soltani qui le dit. «Nous sommes présents dans les institutions de l'Etat, dans le Parlement et au gouvernement». Cette fois-ci, c'est Ouyahia qui envoie la rengaine. En bref, tout le monde il est beau, tout le monde il est joli; l'Alliance a atteint ses objectifs. Pourtant, la réconciliation nationale est en panne. La révision de la Constitution qui a divisé les orateurs du jour n'est pas évoquée. Les élections, les lois électorales, les augmentations de salaires qui ont autant divisé, le volet social, les grands projets ne figurent pas dans l'ordre du jour. «Nous sommes soudés autour du programme du président», disent-ils à l'unisson. Selon certaines indiscrétions, du côté du MSP qui préside l'Alliance, «le moment de poser les vraies questions est venu», murmure-t-on du bout des lèvres, «le statu quo ne peut durer indéfiniment, il faut briser la glace». il s'agit bien évidemment de la réconciliation et de la Constitution. Au MSP, on se pose des questions sur le dernier conseil des ministres qui a ignoré ces deux thèmes qui figurent parmi les priorités dans le programme de Bouteflika. Lors de son premier mandat, il est allé jusqu'au bout de son idée en appliquant, à la lettre, la Concorde civile. Dans son second mandat, il a rencontré des obstacles évidents que son état de santé ne justifie pas à lui seul. Car, bien avant sa maladie, le projet de Charte pour la paix et la réconciliation nationale a trébuché, relèvent les observateurs. Les trois partis ont créé l'Alliance en février 2004, la veille de l'élection présidentielle, et ont milité pour la réconciliation en faisant campagne. Ils sont donc engagés corps et âme dans le projet de Bouteflika; projet qui n'est pas seulement économique. Les trois chefs du FLN, MSP et RND se doivent de poser les questions sur ces empêchements. Lorsque le RND réunit son bureau national, la veille de la rencontre, on a déduit qu'il lui accorde une importance. Il ne s'agit donc pas de rencontre de routine pour s'embrasser devant les caméras et de repartir comme on est venu. Les partis de l'Alliance sont sommés de débattre des vraies questions politiques qui engagent le devenir du pays, à leur tête la réconciliation nationale. Même si les divergences qui les animent sont pour l'heure dépassées, ils doivent répondre à la question. Les trois ont exprimé leur voeu de voir les délais de la Charte prolongés mais cela fait deux semaines que le délai fixé est dépassé. Qu'attendent-ils pour relancer le débat? La réconciliation est en panne. Quelles en sont les raisons? Les trois chefs doivent le savoir. Sinon, à quoi sert une Alliance qui ne répond pas aux questions essentielles?