Benoît XVI a révélé sa méconnaissance de l'Islam. Benoît XVI va-t-il détruire le travail admirable réalisé par son prédécesseur Jean-Paul II en matière de dialogue des religions? C'est la question qu'on est amené à se poser après ses déclarations, du reste, inexactes et faites lors de son voyage en Allemagne? Les uns et les autres se rappellent le grand rassemblement organisé par Jean-Paul II en 1986, à Assise (centre de l'Italie) au cours duquel des dignitaires musulmans, chrétiens, juifs, aux côtés des hindouistes, bouddhistes, shintoïstes, Sikhs, et les représentants des religions traditionnelles africaines et amérindiennes s'étaient retrouvés pour une journée de prière pour la paix. Des passerelles ont été jetées entre les différentes confessions, toutes conscientes que nul ne détient la vérité sur terre, ni la science infuse et que les religions sont là pour éclairer la voie des hommes et non pas pour les jeter dans des conflits sanglants, interminables. Ce travail magnifique de Jean-Paul II allait de pair avec le combat courageux qu'il avait mené, à l'intérieur même de la Pologne et du glacis bolchevique, au moment le plus critique, contre la dictature et l'autoritarisme. Le contexte actuel ne se prête pas du tout à des déclarations du genre de celles faites par Benoît XVI, d'autant plus qu'elles interviennent à un moment critique, juste après les caricatures du prophète Mohamed (Qsssl) par des journaux danois et après l'offensive israélienne au Liban. Le Proche-Orient, avec la situation en Irak et en Palestine, est sur une poudrière, et ce dont les gens ont besoin, ce sont surtout les initiatives de paix et la relance de la feuille de route, sur de nouvelles bases, prenant en compte les intérêts de tous les pays de la région, et mettant de côté les visées expansionnistes et hégémoniques. Benoît XVI n'avait-il pas, lui-même, déclaré vouloir continuer dans la voie tracée par son prédécesseur, en affirmant au début de son pontificat que: «Le dialogue interreligieux et interculturel entre chrétiens et musulmans est une nécessité vitale, dont dépend en grande partie notre avenir.» Cependant, en exhumant, en Allemagne des déclarations remontant au XIVe siècle, il montre, non seulement qu'il ne s'inscrit pas dans la démarche de son prédécesseur, qui avait été jusqu'à aller pardonner à son agresseur turc dans sa cellule, mais au contraire, il révèle sa méconnaissance de l'Islam qui, sur un plan au moins (celui de l'héritage de la raison grecque), a été un trait d'union pour la transmission des sciences et de la logique hellénistiques. Le chef de la communauté pakistanaise en Italie, a fait remarquer, à juste titre, que le pape a négligé dans son discours le fait que «le berceau de la science a été l'Islam et que les philosophes grecs ont d'abord été traduits par les musulmans avant d'entrer dans l'histoire européenne». Si on se base sur la position des extrémistes, qu'ils soient musulmans ou chrétiens, il ne fait aucun doute que l'islam n'a rien à envier au catholicisme. Les excès sont la chose la mieux partagée et malheureusement, les plus grands crimes de l'histoire (près de 50 millions de morts) ont été commis par un certain Hitler, Allemand et de race aryenne, tout comme Benoît XVI, qui avait rejoint les jeunesses hitlériennes. Si c'est pour absoudre les crimes nazis que Benoît XVI s'en prend à la religion musulmane, il ne fait qu'apporter de l'eau au moulin de Ben Laden et de Zawahiri. Pour l'heure, ce sont surtout les églises de Ghaza qui reçoivent des cocktails Molotov, au moment où elles n'en ont pas besoin. Pourquoi Benoît XVI se sent-il obligé de braconner dans les terrains de chasse de quelques illuminés, lui qui est le chef de l'une des plus grandes religions monothéistes du monde. Le dernier mot reviendra sûrement au journal américain le New York Times, qui a qualifié les propos du pape de «tragiques et dangereux», et cela malgré les propos apaisants du nouveau ministre des Affaires étrangères du Vatican, Mgr Dominique Mamberti, qui a assuré que le dialogue entre les religions était une question cruciale.