L'Espagne ne participera pas à la coalition internationale pour protéger le trafic maritime en mer Rouge contre les attaques des rebelles Houthis du Yémen, mais ne s'opposera pas à la participation des autres pays européens dans le cadre d'une mission spécifique. Après plusieurs jours d'atermoiements, le gouvernement de gauche espagnol a précisé, via une déclaration du ministère de la Défense publiée samedi soir, s'opposer à un élargissement de la mission de l'opération européenne Atalante, qui lutte depuis 2008 contre la piraterie dans l'océan Indien. Le ministère rappelle que cette mission Atalante se limite actuellement à la seule Espagne et à un seul navire, la frégate Victoria, et met en avant le fait que la récente reprise des actes de piraterie dans la zone «requiert un investissement maximum» de cette mission.»La nature et les objectifs de la mission Atalante (...) n'ont rien à voir avec ceux que l'on ambitionne d'atteindre en mer Rouge», insiste par ailleurs le ministère. Le gouvernement du socialiste Pedro Sánchez estime pour cette raison «indispensable» la création d'une mission «nouvelle et spécifique» consacrée à la protection du trafic maritime commercial en mer Rouge.»Nous apprécions au plus haut point le refus de l'Espagne de se laisser entraîner dans les mensonges américains et britanniques sur la question de la navigation maritime», s'est félicité sur X Hussein al-Ezzi, vice-ministre des Affaires étrangères des Houthis. Sánchez doit, en effet, composer au sein de la coalition gouvernementale avec un parti de gauche radicale, Sumar, très hostile à la politique étrangère américaine. Dans une interview jeudi à une radio, la leader de ce parti, Yolanda Díaz, également vice-présidente du gouvernement, avait ainsi estimé «énormément hypocrite» la rapidité des pays occidentaux à protéger le commerce maritime international, l'opposant à leur impuissance à protéger la population civile de Ghaza des bombardements barbares sionistes. La création de cette coalition militaire en mer Rouge, baptisée «Prosperity Guardian» et dirigée par les Etats-Unis, avait été annoncée par le ministre de la Défense américain, Lloyd Austin, lundi à Washington. Il avait indiqué que dix pays participeraient à cette coalition, dont l'Espagne. Selon le site d'information El Confidencial et le quotidien El País, cette annonce avait provoqué le mécontentement du gouvernement espagnol, qui n'avait pas été consulté à l'avance.