Les fidèles citoyens, modestes dans leur majorité, sont sacrifiés sur l'autel du gain facile. A la veille de chaque Ramadhan, le marché des fruits et légumes est pris de «convulsions». Malgré les mises en garde et les promesses des pouvoirs publics, les gros bonnets arrivent toujours à avoir une mainmise sur le circuit commercial des fruits et légumes. Ces superpuissants «mandataires» qu'aucune loi, même celle de l'offre et de la demande, ne semble arrêter, ramassent des milliards rien que pendant la première semaine du mois sacré. Un mois bien particulier où les fidèles citoyens, modestes dans leur majorité, sont sacrifiés sur l'autel du gain facile. A l'instar des autres wilayas du pays, Constantine ne déroge pas à la règle imposée par les milliardaires qui détiennent l'ensemble des «rouages» du marché de gros. Celui du Polygone par exemple, l'oignon est cédé à 8DA. C'est énorme pour un prix de gros. Il est vendu par la suite à trois ou quatre kilomètres plus loin, plus exactement à Souk Al Asr, à 20DA, une marge de 12DA, c'est excessif! La tomate, en pleine saison, a grimpé de 25 à 58DA. Les haricots verts, les courgettes et les carottes varient entre 45 et 50DA. La laitue, très demandée, se hisse à 60 et 70DA. En l'espace de 24 heures, certains produits sont carrément passés du simple au double. En un mot, la situation au niveau des marchés du centre-ville, Souk El Asr, Bettou (ex-Ferando) et le marché central semblent décourager les bourses modestes qui peuvent, du moins pour certains, se rabattre sur les souks des banlieues, Daksi et Oued El Had. Mais là aussi, même si les prix sont moins élevés, on peut dire que ce n'est pas l'ambiance habituelle. Ce marché est en pleine effervescence, et de nombreux citoyens espèrent qu'après la première semaine du mois sacré, la tendance revient graduellement à la normale, mais entre-temps, les intermédiaires et autres marchands occasionnels auront ramassé le gros paquet au nez et à la barbe des pouvoirs publics, impuissants à imposer les règles du marché. Sous d'autres cieux, les propriétaires et les patrons des circuits commerciaux saisissent les occasions de fêtes pour baisser les prix et... vendre le maximum. C'est une question d'éthique et de marketing. Chez nous, c'est l'inverse, et c'est toujours le citoyen qui paie les pots cassés, en faisant bon coeur contre mauvaise fortune.