Même s'ils ne s'opposent pas à une hausse salariale, les patrons se disent partants pour une solution discutée. La Centrale syndicale ne va pas se croiser les doigts pour bientôt. Son pari de faire adopter par les patrons du secteur privé sa proposition d'une hausse salariale de 20% est tombé à l'eau. Cette revendication qu'elle porte depuis l'annonce des différentes batailles salariales n'entre pas encore dans la dernière ligne droite. Le patronat ne va, sans le moindre doute, pas lâcher le morceau de révision à la baisse des charges fiscales qu'il avait commencé à mordre. Une condition sine qua non pour toute revalorisation salariale. La Confédération algérienne du patronat (CAP), quant à elle, tente de faire passer son projet portant sur l'élaboration des catégories professionnelles et salariales. C'est une plate-forme qui repose sur des éléments macroéconomiques afin d'asseoir une stratégie durable pour la maîtrise de la question salariale, à en croire Boualem M'Rakach, président de la Cap. Selon lui, la situation actuelle comprend une faille dans le calcul des salaires en l'absence d'une stratégie salariale à long terme. Laquelle politique devra prendre en compte les équilibres budgétaires et l'évolution sociale. Les patrons ne veulent, décidément, pas griller toutes ces étapes. Ce qui veut dire qu'un accouchement salarial aussi prématuré pourrait constituer, d'une part, un véritable danger pour l'entreprise, et, d'autre part, susciter une bouderie patronale. Car, les patrons, même s'ils ne s'opposent pas à une revalorisation salariale, suggèrent, à l'image de la CAP, une nouvelle grille qui tienne compte de l'évolution économique et de celle des catégories sociales et professionnelles. Cela devra coller à l'initiative du gouvernement qui s'apprête à jouer une autre carte, celle d'aller vers la réduction des charges sociales pour les patrons. Mais, cela, soutient le président de la Cap, ne doit pas aboutir à l'abandon de la piste d'une réelle étude sur la stabilité salariale à long terme.Celle-ci devra reposer sur des bases de référence bien précises afin de répondre à toutes les conditions économiques et sociales. En d'autres termes, toute revalorisation salariale devra désormais faire référence aux critères sélectionnés. La situation impose une nouvelle loi sur les salaires. Quant à Habib Yousfi, président de la Confédération générale des entrepreneurs algériens (Cgea), celui-ci est allé jusqu'à qualifier la proposition de l'Ugta comme provocation. «Il est impensable de suggérer une hausse de 20% sans prendre en compte le moindre paramètre économique», s'est-il insurgé. Sidi-Saïd est assurément mal à l'aise. Ça commence à coincer avec les patrons du privé, alors qu'avec certaines SGP le blocus n'est pas encore levé. C'est une provocation, clame haut et fort Habib Yousfi, soulignant qu'il n'est même pas temps de penser à une nouvelle fourchette salariale. D'après lui, il est tout d'abord impératif de solutionner la convention de branche et de débattre ensuite des paramètres à prendre en compte pour décider du taux de la hausse. La bataille ne fait que commencer, mais «il n'est pas question de mettre en danger la vie de l'entreprise», laissa entendre le président de la Cgea. La dernière rencontre du duo Ugta/patronat a servi de plate-forme théorique devant aboutir à un consensus salarial. Les deux partenaires vont se rencontrer mercredi avec, au fond du dossier, l'étude de la convention de branche, objet d'une large concertation entre l'Ugta et le patronat. Un dur autre bras de fer s'annonce autour de la hausse des salaires des travailleurs du secteur privé.