Le conflit opposera l'Iran, la Chine et la Russie, d'un côté, et les Etats-Unis, l'Europe de l'autre. Le politologue et analyste du monde contemporain, Georges Corm, a appelé les intellectuels arabes à se démarquer du débat sur le dialogue des religions et le choc des civilisations qui est à ses yeux «un piège, une supercherie et un habillage idéologique des Américains pour masquer l'occupation des terres arabes». Lucide, l'ancien ministre libanais pose une série de questions pour expliquer les faits: «Est-ce que l'occupation de la Palestine, de l'Irak, du Golan syrien a une relation quelconque avec le choc des civilisations, a-t-il une quelconque relation avec le dialogue des religions?» s'est-il interrogé. «Il s'agit d'occupation de nos terres, c'est la question principale», a-t-il dit lors de sa conférence sur le thème «Guerre froide ou guerre chaude au Moyen-Orient» qu'il a organisée dans la soirée d'hier au salon Rose de l'hôtel El Aurassi. Cette conférence de haut niveau inaugure une série d'autres rencontres qu'organisera l'Anep (Agence nationale d'édition et de publicité). L'Anep, qui entame un cycle de conférences sur les grands thèmes de l'actualité nationale et internationale, entend apporter sa touche dans le débat d'idées et éclairer l'opinion nationale. «C'est une façon pour nous de contribuer et de participer au débat intellectuel sur des questions stratégiques qui intéressent en premier lieu les Algériens», a noté Ahmed Boucenna, président-directeur général de l'Anep. «Ce n'est qu'un début, a-t-il dit». «Nous ferons de ce rendez-vous une tradition mensuelle», a promis M.Boucenna dont l'institution se prépare à l'organisation d'un grand événement: le salon du livre qui aura lieu du 30 octobre au 10 novembre, dédié cette année au fondateur de la sociologie Ibn Khaldoun. Voulu comme un espace de débats de réflexion et d'expression, ce désormais rendez-vous mensuel tranche avec le ronronnement culturel vu le niveau aussi bien des conférenciers que celui des participants. L'initiative place également l'Anep dans une dimension autre que celle d'un organisme voué uniquement à la communication institutionnelle. Un véritable challenge pour l'organisme de M.Boucenna qui vient de gagner le premier pari puisqu'il entame son initiative par le label d'un ténor du monde intellectuel nommé Georges Corm. La rencontre a réuni le gratin politique algérien. Trois chefs de gouvernement y ont assisté: Mouloud Hamrouche, Belaïd Abdeslam et Smaïl Hamdani. «Ce n'est qu'un début et je vous promets que la suite sera tout aussi intéressante», a garanti M.Boucenna. L'hôte de l'Anep a refusé l'argument selon lequel le retour du religieux est la principale clé de compréhension des bouleversements du monde. Aveugles devant l'évolution du monde, les Arabes -gouvernements, médias et intellectuels compris- ont commencé les uns et les autres par se tromper sur la nature même des conflits engagés. A mauvaise politique, mauvaise guerre. Faisant une brève rétrospective sur le monde occidental, Georges Corm aboutit à la conclusion que la vision occidentale n'a pas évolué depuis la première guerre froide. Les mêmes instruments subversifs que les Américains et l'Occident mènent. Corm évoquera «un scénario qui opposera l'Iran, la Chine et la Russie, d'un côté, et les Etats-Unis, l'Europe de l'autre», a-t-il prédit. Comme éléments à ce scénario belliqueux il dissèque le déploiement militaire américain depuis le 11 septembre 2001 dans le détroit d'Ormuz en Ukraine et en Géorgie. «Il s'agit bien d'un encerclement de la Chine, de l'Iran et de la Russie».