On ne peut que s'interroger sur les véritables intentions de l'Hexagone. Le président français, Jacques Chirac, a encore une fois, exprimé son attachement à la finalisation du traité d'amitié entre son pays et l'Algérie. Dans un message de félicitations adressé, hier, à son homologue, le président Bouteflika, à l'occasion de la célébration du 52e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale, le locataire de l'Elysée n'est pas allé par trente six chemins pour énoncer son voeu de voir «le partenariat d'exception», liant les deux pays, s'affermir davantage. Ainsi, et en se référant à la Déclaration d'Alger, signée en mars 2003, Chirac a indiqué vouloir «renforcer sans cesse les liens étroits entre nos deux peuples».Il y a lieu de souligner que cette déclaration commune, citée par le chef de l'Etat français, devait aboutir à la conclusion du traité d'amitié entre les deux pays. Un grand événement qui a été raté en raison de l'adoption par le Parlement français de la loi du 23 février 2005 glorifiant le colonialisme. Cette loi, rappelons-le, a soulevé un tollé jamais égalé dans l'histoire des relations diplomatiques entre les deux pays, depuis 1962. D'ailleurs, le président Bouteflika lui-même s'en est pris, à maintes reprises, et avec virulence, aux initiateurs de cette loi et au passé colonial de la France. Cependant, et à lire le message de Chirac, adressé à l'occasion de la commémoration d'une date qui marque la prise d'armes du peuple algérien contre l'occupant français, on ne peut que s'interroger sur les véritables intentions de l'Hexagone. Surtout, si l'on s'arrête sur des propos évoquant le partenariat basé sur «l'action au service de la paix et de la sécurité internationale». Ou encore, en classant notre pays parmi le «groupe pionnier», ayant mis en marche une nouvelle approche de coopération internationale. Des interrogations qui ne peuvent être que plus coriaces, si l'on sait que l'Algérie a conditionné la signature de ce traité d'amitié par une préalable demande d'excuses officielles de la part de l'Etat français au peuple algérien. Des excuses solennelles qui devront marquer l'édification d'un partenariat bâti sur la reconnaissance de la France de ses pratiques sanglantes et de ses crimes contre l'humanité, commises à l'encontre du peuple algérien. Et ce, le long d'un siècle et de trente années de résistance et d‘oppression. Il est a souligner, également, quant à ce message de félicitations, que le président Chirac a fait de même, le mois écoulé, lors de la commémoration des événements du 17 octobre 1961. Une manière de dire que la France assume son histoire mais pas au point de demander des excuses au peuple algérien. Pourtant, c'est lui qui a déclaré en Arménie que «tout pays se grandit en reconnaissant ses drames et ses erreurs». Des erreurs et des drames qui marqueront toujours les relations entre les deux nations, tant que l'ancien bourreau ne demande pas pardon à sa victime.