Deux autres livres réédités par Anep Editions et parus dans la collection Voix de l'anticolonialisme sont Le Colonialisme en procès de Jacques Vergès et J'ai labouré la mer...de Simon Bolivar. Deux livres qui méritent qu'on s'y attarde. Dans le premier, le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, évoque dans la préface cette «figure emblématique de la stratégie du Front de libération nationale sur le terrain de défense, dans les tribunaux français, des militants algériens inculpés», et d'ajouter: «Cette stratégie n'est pas le seul fait de Jacques Vergès mais du collectif des avocats du FLN mis en place en 1959 et qui regroupe des avocats algériens, français et belges. Il est, cependant, incontestable que Jacques Vergès en est le concepteur le plus précoce, le maître d'oeuvre le plus créatif et la figure la plus médiatique». «Avec cet avocat, dit le président de la République, les prétoires cessent d'être des relais de l'Etat colonial français pour devenir des champs de bataille où chaque incident de séance est une grenade, chaque débat de procédure, une mine, chaque plaidoirie, un raid de commandos, largement répercutés par les médias». Enfin, souligne Abdelaziz Bouteflika: «Si dans la bouche de Jacques Vergès, les mots prennent une telle intensité qu'ils déboussolent les juges les plus aguerris, arrivent à émouvoir des personnalités politiques peu enclines à la compassion, à l'instar du général de Gaulle, et surtout parviennent à fracasser le mur du silence des médias, ce n'est pas d'abord parce que Jacques Vergès est un expert en procédures, ni même parce qu'il partage les convictions anticoloniales du peuple algérien et du FLN. D'autres aussi l'ont fait avec efficacité et panache. C'est d'abord parce que chez Jacques Vergès, le métier d'avocat et la passion militante s'ancrent dans une inspiration poétique qui les nourrit et les dépasse». Dans ce livre étonnant, on peut découvrir deux poèmes: Le Bleu des mers du Sud, où est chanté le malheur de ces exilés condamnés, torturés. Des plaidoiries émaillent de ce livre qui rend aussi hommage à Djamila Bouhired dans un chant des plus mélancoliques, émouvants. Le livre fait aussi le procès de la politique française et dévoile toute la subtilité et le génie de Jacques Vergès. Dans un autre livre intitulé J'ai labouré la mer de Simon Bolivar, Abdelaziz Bouteflika affirme que «lire Simon Bolivar aujourd'hui, c'est peut-être surtout assister à l'émergence encore ténue, fragile d'un nouveau pôle civilisationnel dont Simon Bolivar est le visionnaire perspicace et l'acteur désemparé: «Notre peuple n'est pas européen; il n'est pas davantage américain du Nord mais un composé d'Afrique et d'Amérique plutôt qu'une émanation d'Europe». «Simon Bolivar a, certes», «labouré la mer», pas dans le sens où son action n'aurait été qu'un coup d'épée dans l'eau; mais parce qu'elle a, au sens strict, fécondé l'Atlantique Sud d'un nouveau projet civilisationnel dont les premiers plants vigoureux mûrissent sous le soleil du Venezuela, de la Bolivie et de Cuba. Dans J'ai labouré la mer, on peut y lire aussi le discours d'Angostura (15 février 1879), la lettre à José Revanga (ministre des Relations extérieures de Colombie-25 mai 1820), une lettre datée du 20 mai 1820 sur le respect des droits des Indiens, une lettre adressée à Son Excellence, le président du souverain Congrès de Colombie, pour l'émancipation immédiate des enfants d'esclaves datée du 14 juillet 1821, un message au congrès constituant de Bolivie daté du 20 janvier 1830, et une lettre d'adieu adressée au peuple colombien faite le 10 décembre 1830 dans laquelle Simon Bolivar réitère ses efforts pour instaurer la liberté là où régnait la tyrannie...etc.