Celui qui dirigeait El Mouloudia ne veut pas passer pour une victime sans se battre. En dépit du fait d'avoir remporté la Super coupe d'Algérie, la section football du Mouloudia d'Alger n'en finit pas de se donner en spectacle et de faire la une de l'actualité sportive par des déclarations où il est question de «malversations financières au détriment du club réalisées par l'ancien bureau directeur que présidait le Dr Messaoudi». C'est ainsi que des informations non confirmées indiquent que «le directoire aurait trouvé un trou de 14 milliards de centimes dans la comptabilité de la section». La semaine dernière, la presse rapportait que le Directoire qui gère les affaires de cette section «n'avait trouvé que 5000 dinars dans les caisses». Vendredi dernier, lors de l'émission Football Magazine de la Chaîne 3 de la Radio nationale, le président de ce Directoire, M.Katrandji est allé plus loin puisque, selon lui, «ils n'ont trouvé aucun centime dans ces mêmes caisses». De telles accusations, qui méritent le recours à la justice, ne semblent, pourtant, pas perturber l'ancien président de l'association El Mouloudia, le Dr Messaoudi. «Ces gens racontent n'importe quoi, juste pour se donner bonne mesure, nous a-t-il dit lorsque nous l'avons contacté. On parle de 14 milliards de centimes qui auraient disparu. 14 milliards, vous vous rendez compte du chiffre faramineux. Ce n'est tout de même pas une tranche de gâteau. C'est à croire que le Mouloudia ´´pondait´´ de l'argent et que nous nous en servions sans aucune retenue, ni aucun contrôle. Ce n'est ni plus ni moins que de la débilité». Pour lui, tout ce qui a été dit à ce sujet «n'est que pur mensonge». Même lorsque le Directoire indique n'avoir rien trouvé dans les caisses. «Comment peuvent-ils affirmer cela alors que le jour de la passation des consignes, j'ai moi même remis un chèque de 100 millions de centimes au comptable de la section devant témoins dont les gens du Directoire? ajoute-t-il. Je peux, dans ce cas, leur demander où sont passés ces 100 millions de centimes? Vous savez, le Mouloudia c'est comme une entreprise, l'argent entre et sort. Il n'y a certes pas beaucoup dans les caisses, mais nous avons des créances et cet argent ne tardera pas à rentrer de même que celui de la Coupe arabe puisqu'il va falloir préparer le second tour de la compétition. S'ils avaient trouvé 2 milliards de centimes, ils auraient crié au scandale pour dire que le Dr Messaoudi était en train de saboter le club et ne voulait pas payer les joueurs». Justement, ces derniers temps il a été fait état de la grogne de ces joueurs, inhérente au fait qu'ils ont un retard dans leur paiement. «Je les comprends, nous confie le Dr Messaoudi. Nous leur avions promis qu'ils seraient payés vers le fin du mois d'octobre, au plus tard les premiers jours de novembre. Si nous étions restés en poste, cette promesse aurait été respectée. D'ailleurs la veille de l'Aïd, nous avions tenu notre engagement et ce jour là, les joueurs avaient reçu, chacun, les 50.000 dinars au titre de la prime de victoire contre le CRB et leurs salaires de septembre. Nous avions payé tout le monde, y compris le personnel technique et administratif, pour qu'il puisse passer l'Aïd dans de bonnes conditions». S'agissant de l'argent des transferts des joueurs qui aurait disparu, le Dr Messaoudi s'inscrit en faux contre cette accusation. «Qu'on me dise quels transferts a effectué le Mouloudia. Il y a eu celui de Diakité vers l'OGC Nice pour la somme de 400.000 euros. Cet argent est rentré dans les caisses du club comme peuvent le confirmer des pièces comptables et il a été utilisé au bénéfice exclusif du club. J'ajoute que sur cette somme, 80.000 euros ont été transférés dans le compte du club malien de Djoliba, le club formateur de Diakité. Il y a eu aussi Boudiaf qui a signé au CSC et ce club doit verser au Mouloudia 80 millions de centimes. Quant à Daham et Bouzid, ils étaient libres et leur départ vers l'Allemagne n'a rien rapporté au club. Comme je vous l'ai dit, l'argent entre et sort dans le cadre de la gestion courante du Mouloudia. Je me demande où il y aurait de l'argent que je n'aurais pas déclaré». Dans tout le scénario qui a marqué son départ, le Dr Messaoudi pointe un doigt vers une seule direction, celui de la DJS d'Alger. «Tout le cinéma qui s'est produit, j'en tiens la DJS pour responsable. L'AG du Mouloudia ne pouvait se tenir faute de quorum. Elle devait être reportée de huit jours comme le stipule les textes qui régissent l'association El Mouloudia. Or, on a laissé faire et on a installé un Directoire sans dire si celui-ci est là juste pour préparer l'AG élective ou s'il est en place jusqu'à la fin du mandat en 2008. Cette DJS a, en outre, affirmé qu'aucun de ceux qui ont géré de près ou de loin la section football ces dernières années, ne reviendra pour gérer le club. Or je remarque que le Directoire qui s'occupe en ce moment de cette gestion est présidé par Katrandji, celui-là même qui a été mon secrétaire général». L'ex-président d'El Mouloudia ne semble pas en démordre. Pour lui toute cette histoire «est orchestrée par des entités qui se trouvent hors du club». Il demande à ce qu'on lui permette «de venir en assemblée générale défendre mes bilans. Seule cette AG est en mesure de donner son avis sur ma gestion. J'ai la conscience tranquille. Je défie quiconque de trouver dans mon bilan financier un trou, ne serait-ce que de un centime. J'en veux pour cela au commissaire aux comptes, qui a trahi le devoir de confidentialité auquel il est tenu. Il va en répondre devant la justice. Ce même commissaire aux comptes m'avait, du reste, obligé de retarder d'une année mon AG bilan de la saison 2004-2005. J'ai une lettre, signée de sa main, où il me demande de reporter cette AG à l'année suivante et de coupler les deux bilans, celui de 2004-2005 et celui de 2005-2006. Est-ce que cela est vraiment réglementaire? Et puis pourquoi le Mouloudia doit-il faire son bilan de 2005-2006 avant tous les autres clubs?». Le Dr Messaoudi estime «être la victime d'un cabale. On veut me pendre haut et court. Que ces gens sachent que je ne me laisserai pas faire». Pourtant, il pourrait se présenter en position de faiblesse, vu qu'il a démissionné. Sur ce point, il se veut catégorique. «J'ai démissionné en juillet. Pourquoi la DJS, si soucieuse de la réglementation, n'a pas saisi, alors la balle au bond pour installer un Comité provisoire et convoquer en urgence une AG élective? Non, elle m'a laissé en place. Elle m'a laissé gérer même les deniers du club, de signer des documents et 4 mois plus tard elle se montre pour me demander de partir. Alors moi, je lui dis non. Il faut que l'AG se tienne et qu'elle sache que, quoi qu'il advienne, je suis et reste membre de l'association El Mouloudia. J'ai même le droit d'ajouter dans mon bilan moral la Super coupe que l'équipe vient de remporter. C'est mon bureau et moi même qui avons préparé cette compétition avec les joueurs et l'entraîneur que nous avons recrutés. Les gens du Directoire n'ont aucun motif de gloire à en tirer».