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«La résistance a été de mise depuis 1830»
Le moudjahid Salah Goudjil, président du Conseil de la nation, à L'Expression
Publié dans L'Expression le 31 - 10 - 2024

Voir naître la plus glorieuse lutte d'indépendance du XXe siècle. Peut-être même de l'humanité, en raison de ses spécificités, le contexte géopolitique et historique du moment, l'énergie titanesque qu'il fallait objectivement déployer et l'incertitude de la fin de la lutte. Ajouté à tout cela la nature même de l'occupant qui se disait chez-lui, avec son million de colons, son armée, la quatrième du monde, appuyé par l'armada de l'OTAN. C'est cela le tableau que présentait l'Algérie au 31 octobre 1954. Le moudjahid Salah Goudjil, âgé de 23 ans alors, compagnon de Mustapha Ben Boulaid, a senti le souffle de Novembre, y a profondément cru et travaillé au même titre que les dizaines de milliers de ses semblables pour l'avènement de l'indépendance. À la première balle, dans les Aurès, il était convaincu de la victoire, mais ne pouvait imaginer, encore à l'époque, vivre dans une Algérie souveraine et indépendante. Salah Goudjil a vu le projet révolutionnaire prendre forme, rencontré les principaux leaders de la Révolution, constaté les divergences entre les cadres du FLN et de l'ALN, mais a surtout constaté l'immense idéal qui animait chaque moudjahid, de sorte que les clivages ne représentaient rien face à l'oeuvre historique dont avaient conscience l'ensemble de ses camarades, ainsi que les millions d'Algériens qui savaient l'indépendance inéluctable. Lorsqu'il évoque la Révolution, le visage du moudjahid Salah Goudjil s'illumine. 70 ans après, l'homme est encore en admiration devant la gigantesque réalisation d'un peuple. Ressusciter une nation qu'on pensait définitivement éteinte, 24 ans auparavant, avec le centenaire de la colonisation était le rêve de tous. Le 8 Mai 1945 a constitué le premier soubresaut d'un réveil, d'une volonté d'exister. Le massacre commis par l'administration coloniale ne pouvait être décrit avec des mots. Le choc était très grand. Les colons pensaient avoir donné le coup de grâce mais, en réalité, le feu de la liberté couvait. Le moudjahid, aujourd'hui deuxième personnage de l'Etat, y avait tellement cru qu'il savait que la Révolution n'était qu'une question de temps.
Et il était là en première ligne lorsque celle-ci a éclaté. Il fut acteur et témoin de cette grande épopée. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, Salah Goudjil évoque les dates importantes, les personnages clés, des événements précis, les décisions politiques majeures. Il répond à nos questions en pédagogue, alignant les faits, argumentant, avec le souci de la clarté des propos. Mais dans sa gestuelle, son regard profond, on sent bien que l'homme était le Témoin. Il était là, il a vu, entendu et contribué à cette Histoire, tellement riche qu'il faille des livres entiers pour la raconter. Disons-le franchement, discuter avec le moudjahid Salah Goudjil équivaut à toucher du doigt les maquis des Aurès, les grands personnages qui ont fait la grandeur de la Révolution. Le président du Conseil de la nation n'a absolument rien perdu de ce que fut ce jeune homme sublimé par la concrétisation de son rêve et celui de tout un peuple. Dans l'entrevue qu'il nous a accordée, il revient sur les grandes étapes de la guerre de Libération nationale.
L'Expression: L'Algérie célèbre le 70e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale. Comment en est-on arrivé à recourir à cette solution après plus d'un siècle d'occupation?
Salah Goudjil: Après plus d'un siècle de colonialisme de peuplement et de destruction totale de l'Algérie algérienne, cette solution a été l'émanation profonde d'une volonté inébranlable d'un peuple libre, qui a opté pour briser les chaînes du colonialisme afin d'obtenir son indépendance par le feu et le sang.
Il est utile à rappeler que la résistance a été de mise depuis l'invasion coloniale en 1830, jusqu'au déclenchement de la lutte armée, le 1er novembre 1954, des phases durant lesquelles des luttes féroces ont été menées contre une armée française sauvage qui a eu recours aux crimes, aux assassinats de masse, aux répressions abjectes et aux enfumades pour pacifier les terres algériennes.
Le peuple a résisté de manière courageuse, sous la gouvernance de l'Emir Abdelkader, Lala Fatma N'Soumer, Cheikhs Aheddad, El Mo-krani et Bouamama, pour ne mentionner que ces héros légendaires de l'Algérie. Les soulèvements populaires visant à la libération de l'Algérie ont été fréquemment réprimés par le colonisateur français. Leur échec est dû à leur dimension locale et non nationale, en plus du manque de coordination et d'unité dans la lutte contre l'oppression. En revanche, avec l'avènement de novembre 1954, nous étions arrivés à un moment clé de l'évolution du Mouvement national où le déclenchement d'une révolution de libération était l'unique et ultime solution contre le système colonial français.
D'ailleurs, la nouvelle génération de militants avait comme leitmotiv principal et unique une action armée d'envergure nationale, ce qui a été retenu à l'unanimité comme choix lors de la réunion historique du groupe des 22 en juin 1954 à Alger.
Les participants à cette réunion décisive, ont voté à l'unanimité et avec enthousiasme en faveur de la lutte armée, parce qu'ils étaient convaincus que c'était le seul moyen de s'affranchir du joug colonial.
En constatant que la lutte pacifique était vaine et qu'il fallait passer à l'action armée, le Front de Libération nationale (FLN) et son aile armée l'Armée de Libération nationale (ALN) ont déclenché l'une des plus grandes révolutions du Vingtième siècle.
Dans ce sillage, un appel a été lancé au peuple algérien pour libérer le pays et restaurer «l''Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques» ainsi que «le respect de toutes les libertés fondamentales, sans distinction de race et de confession». Ces principes et directives de cette révolution salutaire ont formé une partie de l'ossature de ce qui allait être connu sous le nom de «l'Appel du premier Novembre».
Sur le plan politique, le processus de maturation du discours indépendantiste a été long et fastidieux. En est-il de même au niveau opérationnel? En d'autres termes, en quoi l'Organisation secrète a-t-elle été bénéfique pour les militants de la cause?
Effectivement le processus de maturation du discours indépendantiste a pris du temps depuis les résistances populaires jusqu'au soulèvement révolutionnaire de novembre 1954... Cependant, ce qui importe le plus, c'est que l'idéal de l'indépendance est devenu la seule ligne directrice et l'objectif essentiel de la révolution algérienne. Quant à l'Organisation spéciale (OS), elle fut effectivement d'une grande utilité pour la maturation et la structuration de la révolution de 1954. L'OS a été d'abord un organe paramilitaire du PPA-MTLD (Parti du peuple algérien-Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques), établie en 1947, elle est également le berceau de la plupart des leaders de la Révolution algérienne. Son ADN révolutionnaire a été formé tout au long de la maturation du Mouvement national, c'est ce qui en a fait le point de départ de la lutte pour l'indépendance et la libération de l'ordre colonial français plus tard.
Mohamed Belouizdad, chef national, chef d'état-major de l'OS, a été désigné pour assurer la direction de l'OS, avec l'assistance de Hocine Aït Ahmed, adjoint au chef d'état-major et responsable de la Kabylie. Après la maladie de Mohamed Belouizdad, Hocine Aït Ahmed prend la tête de l'OS, fin 1947, et cédera la place en 1949 à Ahmed Ben Bella. Les militants de l'OS étaient aguerris et choisis pour leurs conviction, courage, discrétion et l'immersion rapide dans la clandestinité.
L'OS opérera efficacement avec des actions sur le terrain, notamment l'attaque spectaculaire de la poste d'Oran, en 1949. Après avoir été découvert par les services français en 1950, ses éléments continueront à activer clandestinement pour s'organiser au sein du CRUA et à activer jusqu'à la tenue de la réunion du groupe historique des 22 à Clos- Salembier (El-Madania), avec ses militants clés, à savoir Mustapha Ben Boulaïd, Mohamed Boudiaf, Mohamed Larbi Ben M'hidi, Di-douche Mourad, Rabah Bitat.... Ceux-là-mêmes qui vont former le groupe des six, une fois ralliés par Krim Belkacem, vont prendre la décision de lancer la lutte armée le 1er novembre 1954.en arrimant à leur action révolutionnaire tout le peuple pour arracher l'indépendance nationale.
Parlons du jour J. Comment interpréter la déclaration du premier novembre? Comment a-t-elle été reçue par les Algériens et les Etats arabes et amis? Y a-t-il bien eu un effet de surprise dans pas mal de capitales?
Pour ma part, je préfère dire 'l'appel' plutôt que 'la déclaration du 1er novembre 1954', car de jeunes révolutionnaires inconnus du grand public, ont décidé ensemble, d'adresser cet appel sincère et profondément significatif au Peuple algérien, en le motivant à prendre en main son destin et à s'engager dans une lutte difficile, implacable et déterminée pour obtenir l'indépendance du pays.
C'est aussi un appel qui est considéré comme la Constitution de la révolution et sa première référence qui a guidé les dirigeants de la révolution de libération et suivi sur le chemin des générations.
L'appel du 1er Novembre est également l'un des textes fondateurs les plus importants de la Révolution algérienne. Il a marqué le début officiel de la lutte armée pour l'indépendance de l'Algérie.
En outre, il met en évidence, de manière explicite, la volonté des Algériennes et des Algériens de briser le logarithme génocidaire et criminel du colonialisme par les armes, pour obtenir leur liberté.
Toujours concernant le jour J, au niveau de l'action armée, à proprement parler, la date a été fixée quelques jours seulement avant le déclenchement de la révolution. Pouvez-vous nous expliquer les mécanismes qui ont présidé à la réussite d'une entreprise aussi complexe sur un territoire aussi vaste en quelques jours seulement?
J'ai déjà souligné précédemment la transition de la phase de l'OS vers celle du CRUA qui a pris à sa charge la lourde responsabilité d'engager la lutte armée suite aux réunions des 22 puis par des six.
Pour revenir au jour J, dans la nuit du 31 octobre au 1er Novembre 1954, le FLN et l'ALN ont mis à exécution des opérations révolutionnaires à travers le territoire national, et ce avec peu de moyens. En un laps de temps, le mot d'ordre des «Six», qui s'étaient réunis une semaine plus tôt à La Pointe Pescade, avait été largement suivi.
La date du déclenchement de la lutte armée était «minutieusement préparée» et traduisait «une étape grandiose» enclenchée par le Peuple algérien pour recouvrir sa liberté et son indépendance.
La révolution algérienne s'est distinguée des autres révolutions par ses principes et sa détermination.
Elle faisait la différence entre la France coloniale et le peuple français. Sa force résidait dans la collégialité de sa direction, loin de tout leadership ou Zaimisme, et aussi dans l'autonomie de sa décision, loin de toute influence étrangère. Sa réussite a été rendue possible grâce à l'adhésion du peuple, qui était le seul héros.
Le déclenchement de la lutte armée pour la libération de l'Algérie n'était en fait que l'aboutissement d'un long et dur combat mené par le peuple algérien avec des résistances héroïques successives, et ce dès le premier jour de l'arrivée des troupes d'occupation en 1830 à Sidi Fredj.
Au premier novembre à minuit, le premier coup de feu a tonné dans le ciel de l'Algérie. C'était où et comment décririez-vous cet instant historique?
En cette nuit mémorable des armes de la liberté dirigées contre le colonialisme barbare, une nouvelle génération de militants nationalistes a bâti le FLN et son bras armé l'ALN comme étant les catalyseurs du combat libérateur de l'Algérie du joug colonial.
L'annonce au peuple algérien de cet événement majeur a été faite à travers «l'appel du 1er novembre 1954» qui a confirmé le début de la guerre d'indépendance de l'Algérie. C'est dans les Aurès que l'offensive de plusieurs groupes de Moudjahidine commence peu après minuit, le 1er novembre 1954. Il y'a eu aussi des actions armées presque simultanément dans plusieurs régions du pays, ce qui avait donné un caractère national et non pas local à ce sursaut révolutionnaire, qu'on désigne du côté français, sous le nom de la «Toussaint rouge», en référence au jour de la «Toussaint», une fête catholique qui a été cette nuit un véritable cauchemar pour les autorités coloniales.
En fin de compte, la nuit du 1er Novembre a été marquée par de puissants symboles qui témoignent de la volonté de mettre un terme à un colonialisme génocidaire de plus d'un siècle, ayant fait selon nos données cinq millions six cent trente mille martyrs (5630000)... dans les rangs des Algériens pour maintenir la flamme de la lutte allumée.
C'est pourquoi, nous sommes si fiers de notre glorieuse révolution de novembre et nous ne cesserons jamais de le revendiquer, pour que chacun, à travers le monde, mesure l'ampleur des sacrifices et la grandeur des épopées et des hauts faits qui ont mené le pays à l'indépendance le 5 juillet 1962.
À ce titre et en conclusion, nous devons rendre un grand hommage au président de la République M Abdelmadjid Tebboune qui a décidé de l'officialisation du 8 mai de chaque année, comme Journée nationale de la mémoire, ravivant ainsi la mémoire nationale et commémorant les massacres du 8 mai 1945. Il est indéniable que cela contribue à préserver la Mémoire nationale, qui est la garantie de la stabilité de notre unité nationale.


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