L'Algérie commémore le 70ème anniversaire de la mort du chahid Badji Mokhtar. Le fils de Annaba, né en 1919 et mort en martyr en 1954, avait consacré sa vie entière pour la cause de l'Algérie, c'est-à-dire la cause de la libération et le recouvrement de l'indépendance et de la souveraineté nationales. Badji Mokhtar a embrassé le monde de la révolution et de la lutte armée très jeune. Il a été un membre influent au sein du Groupe des 22. Il était un des précurseurs du déclenchement armé du 1er Novembre 1954. Badji Mokhtar a quitté le monde scolaire en 1936, c'est-à-dire à l'âge de 17 ans. Il pouvait continuer à suivre son éducation scolaire puisqu'il était connu pour son assiduité et son intelligence. Mais ses enseignants lui montraient leur aspect hideux en tant que minorité qui exhibait avec « ostentation » leur mentalité de colons racistes et inhumain à l'égard les autochtones qu'ils traitaient de tous des noms d'oiseaux. Le choix de rejoindre les Scouts musulmans algériens dans les années 40 du siècle écoulé, était pour Badji une meilleure manière de contribuer à l'ancrage de la culture et de la personnalité nationales aux jeunes scouts qui venaient apprendre les fondements du nationalisme algérien et l'histoire millénaire du pays. Badji Mokhtar avait compris que la grande bataille qu'il cherchait à entamer pour s'affirmer en tant que jeune pétri d'attachement à sa mère patrie aux antipodes des semblants de valeurs qu'on lui a appris à l'école française jusqu'a la négation du pays natal de l'autochtone qu'il était. L'étape du scoutisme a été bénéfique et utile pour Badji Mokhtar et les jeunes scouts qu'il a formé. C'est grâce à cette période décisive du jeune Mokhtar que l'idée de porter les armes et rejoindre les rangs du Mouvement national a germé dans sa tête et de ceux qu'il a su encadrer et entraîner dans le sillage de la lutte de Libération nationale. Il a passé trois années à former des groupes qui allaient déclencher la révolution dans la région de Souk Ahras. Il faisait partie de l'Organisation Spéciale (OS). Il a été nommé à la tête de la branche de Souk Ahras de l'Organisation Spéciale. C'est dire que le jeune Badji Mokhtar avait développé des capacités de maîtrise hors normes en matière d'assimilations des questions liées à la conscience révolutionnaire et sa politisation précoce et surtout le maniement des armes. C'est pour cette raison qu'il a été chargé de former les premiers groupes paramilitaires afin de préparer la révolution. Sa sœur, Farida Badji, disait à propos de lui, dans un témoignage : « Mon frère était un homme très courageux, qu'avait des qualités peu communes. Quand ma mère voulait le marier il nous disait toujours : je suis marié avec l'Algérie et la cause algérienne. Son souhait a été de mourir les armes à la main. Mon frère a été torturé pendant sa détention. Le soir du 31octobre, avant de prendre le maquis, il a été arrêté, les perquisitions ont eu lieu dans notre maison, là où il animait, formait et recrutait des jeunes. Il avait disparu pendant tout le mois de septembre. À Annaba et pendant qu'il achetait une carte d'état-major, le vendeur, méfiant, s'est éclipsé pour appeler la police. Badji Mokhtar a été arrêté puis relâché le jour même. Il est parti à Tébessa et, depuis, on ne l'a plus revu. On a appris sa mort par les journaux », c'est un témoignage poignant où l'on retrouve le personnage et la personnalité de Badji Mokhtar, un homme d'une résilience peu commune et d'un sens aiguisé de la conscience patriotique jusqu'à l'effacement et au sacrifice suprême. Les premiers jours de Novembre 1954 étaient des moments charnières dans la vie de Badji Mokhtar. Il a intensifié les opérations contre l'armée coloniale française, l'attaque de la mine d'antimoine de Nador et la destruction d'un pont ferroviaire dans la zone de Aïn Tahmimine, à Medjez Sfa, et celui d'Aïn Senour ont été des faits d'arme et une sorte de baptême de feu qui n'est pas des moindres. Badji Mokhtar a été parmi les précurseurs de la Révolution nationale du 1er Novembre 1954.