Malgré les difficultés qui ont marqué une telle conjoncture, l'Algérie a fait, durant l'année qui vient de s'écouler, le plein des approvisionnements, et les contrats conclus s'étendent jusqu'à septembre-octobre 2008. Le marché des céréales en général, et celui des blés, en particulier, est depuis quelques mois en pleine crise en raison, principalement, d'une baisse importante de la production doublée d'une hausse sensible du niveau de consommation. Et comme il fallait s'y attendre, cette situation a eu un grand impact sur les cours internationaux du produit qui n'ont pas tardé à flamber, atteignant des pics jamais connus auparavant. Cette courbe ascendante n'est apparemment pas près de fléchir puisque jusqu'à ces derniers jours le prix, à titre d'exemple, de la tonne de blé tendre est passé de 385 dollars (plus 67 dollars/la tonne pour le fret) le 3 janvier à 397 le lendemain seulement. Le prix de la tonne de blé dur a atteint, lui, la barre des 753 dollars pour la production française et 850 dollars pour le blé canadien. Dans un marché en pleine effervescence, l'Algérie semble avoir passé ce cap sans trop de dégâts grâce à une politique des approvisionnements menée avec une efficacité certaine par l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). En effet, le flair et la perspicacité des responsables de cet organisme étatique ont permis d'épargner au pays, qui compte parmi les plus gros importateurs et consommateurs dans le monde, une grave crise du blé et ses dérivés. Cela a permis à l'Algérie de faire ses provisions avant que les cours internationaux connaissent une hausse vertigineuse provoquée par la rareté du produit sur le marché. Ces circonstances étaient donc favorables pour négocier dans les meilleures conditions possibles ces achats. Résultat des courses : l'Algérie a acheté, selon M. Mohamed Kacem, directeur général de l'OAIC, à un prix moyen de 360 dollars/la tonne. Concrètement, la stratégie s'est soldée par une économie pour le Trésor public de près de 100 dollars/la tonne de blé. Ce qui n'est pas du tout négligeable pour un gros consommateur comme l'Algérie. Et malgré une année considérée comme difficile sur le plan de la qualité des récoltes, mais aussi en termes de volume de production, l'Algérie qui avait pris les devants a pu, d'après M. Kacem, assurer des approvisionnements à la hauteur des exigences de qualité fixées par le cahier des charges mis en place à cet effet. Malgré les difficultés qui ont marqué une telle conjoncture, l'Algérie a fait, durant l'année qui vient de s'écouler, le plein des approvisionnements et les contrats conclus s'étendent jusqu'à septembre-octobre 2008. En effet, l'OAIC a acheté en 2007 un volume de 4 millions de tonnes de blé dont 2,8 millions de tonnes de blé tendre et 1,2 million de blé dur. Les livraisons s'étalent, bien évidemment, sur une période couvrant une bonne partie de l'année 2008. Ce qui a fait dire à certains observateurs que l'Algérie s'en est finalement bien sortie dans une période pourtant marquée par un marché très instable. Même les partenaires de l'OAIC reconnaissent, dans des correspondances qui lui ont été adressées et auxquelles nous avons eu accès, que l'Algérie a su anticiper sur la crise puisqu'elle a été la première à sortir sur le marché, ce qui lui a permis de bien négocier les approvisionnements à des prix préférentiels. Une politique qui lui a valu le respect de ses partenaires, cela au moment où d'autres pays consommateurs, à l'exemple de nos voisins, s'en sont pris tardivement sur ce terrain. Et selon les prévisions, cette tendance à la hausse n'est pas près de s'estomper et on s'attend à ce que les cours soient encore plus fermes pour plusieurs raisons liées au niveau bas des récoltes dû à la sécheresse qui affecte certains pays producteurs (les Etats-Unis) et les stocks à sec de beaucoup d'autres pays, aussi bien les producteurs que les consommateurs. Les achats annoncés par des pays parmi les plus gros importateurs, à l'image de l'Egypte et du Pakistan, l'utilisation des céréales dans la fabrication des biocarburants, la décision du gouvernement russe de taxer les exportations de céréales, ainsi que l'Argentine, important producteur, qui a décidé de suspendre la délivrance des licences d'exportation, sont des éléments qui sont venus compliquer encore plus une situation jugée déjà explosive. Les perspectives pour ce marché ne sont donc pas du tout bonnes et l'Algérie a, ainsi, eu le mérite d'avoir anticipé sur une crise qui devrait, à n'en pas douter, perdurer. Hamid Saïdani