Les nouveaux maîtres de la Syrie ne cessent de multiplier les déclarations pour rassurer aussi bien les capitales occidentales que les minorités présentes dans un pays miné par des années de conflit et d'agressions sionistes meurtrières. Cependant, les craintes sont loin d'être totalement dissipées, notamment au sein des communautés chrétiennes et kurdes, celles-ci étant soutenues par les Etats-Unis, toujours présents militairement, depuis 2011 lors de l'intervention d'une coalition occidentale contre le groupe autoproclamé Etat islamique, dans la riche zone pétrolière du nord-est syrien. Le fait que la Syrie est aujourd'hui aux mains d'une alliance composée de groupes rebelles proches de la Turquie et de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ex-al Nosra, faction locale d'Al Qaïda que dirige al-Chareh, n'est pas pour apaiser les inquiétudes, même si ce dernier a déjà formulé des garanties sur son programme de gestion inclusive du pays. Avant de recevoir les représentants de la communauté druze, traditionnellement hostile aux visées occidentales, al-Chareh a pris soin d'indiquer qu'aucune parcelle du territoire syrien ne sera «autonome». Un message à peine subliminal aux Forces démocratiques syriennes (FDS), à dominante kurde, qui se sont déjà heurtées aux combattants pro-turcs du côté de Manbij alors que les Etats-Unis, relayés par l'Allemagne et la France, mettent en garde les nouveaux dirigeants syriens de toute tentative hostile à la revendication kurde, soutenue également par...Israël.Mais la Turquie qui a accompagné militairement et économiquement la rébellion contre le gouvernement Bachar al-Assad depuis le début du prétendu Printemps arabe, en 2011, ne l'entend pas de cette oreille. Ankara voue une tenace et légitime hostilité envers le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et accuse les FDS d'en être des complices séparatistes et même terroristes, malgré le soutien des Etats-Unis et...de l'entité sioniste. D'où une nouvelle donne qui risque de mettre le feu aux poudres entre la Turquie, membre de l'OTAN, et l'entité sioniste, portée inconditionnellement par les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux depuis de nombreuses décennies. Déjà que le président turc Recep Tayyip Erdogan ne mâche pas les mots en taxant Netanyahu de «nazi» et de «criminel de guerre à Ghaza», depuis des années, la nouvelle distribution des cartes dans la région moyen-orientale est en train de dessiner un autre rapport de forces qui met en jeu les ambitions turques face à celles de l'entité sioniste dont on connaît l'appétit vorace pour de nombreux territoires arabes et, notamment le Golan syrien illégalement occupé. Pendant que les différentes communautés syriennes se mobilisent pour «défendre leurs droits» qu'elles jugent «menacés» par un pouvoir islamiste radical, les parties étrangères en lice sont en train de procéder, chacune pour son compte, à une anticipation des prochaines confrontations dont tout indique qu'elles pourraient intervenir plus tôt que prévu.