Le ministre de l'Energie confirme également la signature de contrats de gré à gré. «Il y a des parrainages à Sonatrach», répond sans sourciller le ministre de l'Energie, Chakib Khelil, en direct sur les ondes de la Chaîne III, à l'émission «En toute franchise»; «il y a des appels à candidatures; l'IAP le fait; il y a une procédure mais le parrainage existe; même aux USA les parrainages existent. On essaie de donner la chance à tous les Algériens et toutes les Algériennes». Voilà une réponse qui laissera pantois les jeunes cadres qui cherchent un endroit de rêve à Sonatrach. Le ministre le dit avec son franc-parler mais aussi avec un certain dédain. Aurait-il déjà oublié les émeutes de Ouargla qui ont dégénéré en raison du parrainage qui ferme les portes de Sonatrach aux Algériens qui n'ont personne à l'intérieur de la boîte? Interrogé sur les cadres qui quittent Sonatrach pour d'autres cieux, il dit que Sonatrach donne de «très bons salaires mais il faut savoir qu'aux pays du Golfe les conditions de travail sont plus difficiles; les cadres qui quittent Sonatrach font plus d'heures de travail là-bas». Néanmoins, il minimise le nombre. Il ne s'agit pas de 2000 cadres qui sont partis mais d'une quarantaine, à peine, précise-t-il. «Nous formons de bons cadres», poursuit-il. S'agissant de l'affaire BRC, il dit ne pas avoir accès au rapport de l'IGF, «c'est une affaire qui concerne les clients du ministère de la Défense et de Sonatrach». Sollicité de mieux s'expliquer sur les contrats qui se font de gré à gré, le ministre répond sans détours: «Oui, ils se font de gré à gré». Les amendements apportés à la loi sur les hydrocarbures ne semblent pas l'emballer outre mesure. Chakib Khelil avoue qu'il n'y a pas de contrat signé dans le cadre de la nouvelle loi. «On n'a rien pu faire», lâche-t-il avec lassitude. «On a révisé les contrats signés sur la base de la nouvelle loi en introduisant des taxes sur les profits exceptionnels». Il explique que les prix de négociations des anciens contrats étaient faits sur la base d'un baril à 18 dollars. Le manque à gagner a été récupéré par le biais de la différence partagée en ajoutant des taxes afin d'établir une sorte de «normalisation». Cette procédure permet à l'Etat de gagner un milliard de dollars supplémentaire. Le cas d'Anadarco n'en est pas un puisque n'importe quelle société a le droit de vendre ses parts. Mais il réfute l'information selon laquelle cette entreprise aurait décidé de quitter l'Algérie. Les exportations de Sonatrach ont été de l'ordre de 204 milliards de dollars entre 2000 et 2005 et 45 milliards pour le premier semestre 2006. Les prix du baril seront maintenus grâce à la réduction de la production de l'Opep. Le marché sera stabilisé. Il y aura un affaiblissement, donc une baisse, pendant le 2e trimestre de l'année 2007, prévient-il. Sonatrach est en train de conquérir de nouveaux marchés. Cela lui permettra d'entrer dans la concurrence internationale en forgeant de la sorte ses cadres en les mettant à l'épreuve. Khelil a étalé tous les chiffres des projets en cours, ainsi que des projets à l'étude dans tous les domaines de l'énergie, de l'électricité -dont les prix à la consommation vont augmenter-, du gaz, du dessalement de l'eau de mer, etc. Comme pour souligner le caractère incontournable de Sonatrach qui représente la principale source de richesses du pays. Il a en conséquence le droit de dire les choses crûment même si elles sont dures à entendre.