Sur fond d'affrontements latents entre syndicats, l'appel à la grève qui devait se terminer hier des chauffeurs de taxi lancé par l'Union nationale des chauffeurs de taxis, l'Unact, a été diversement suivi dans la capitale. «Un représentant de l'Ugcaa (Union générale des commerçants et artisans algériens, ndlr.) est venu nous signifier, lundi que la grève avait été annulée et que des contacts avec la tutelle avaient été engagés», déclare ce chauffeur de taxi rencontré, hier, à la station de taxis urbains en face de l'hôpital de Ben Aknoun. «Il nous a même informés que le 3 mars prochain sera organisé un regroupement des chauffeurs de taxi d'Alger pour discuter des revendications de notre corporation», ajoute-il. Le mouvement de grève ne serait suivi que par les taxis interwilayas de la Gare centrale d'Alger, du Caroubier et de l'aéroport. Les exploitants des lignes dites «collectives» Alger Centre-El-Biar-Le Golf-Hydra ne se sentent pas non plus concernés par l'avis de grève de deux jours. Les animateurs de l'Unact, auteurs de l'appel à la grève, exposent sommairement les causes d'un tel désintéressement. «Nous savions, dès le départ, que la grève ne serait pas très suivie à Alger», reconnaît d'emblée M.Zernadji, président du bureau national de ce syndicat qui poursuit: «Nous ne pouvons rassembler dans une salle les quelque 16.000 chauffeurs de taxi d'Alger et leur annoncer qu'il y aura grève les 12 et 13 février, alors nous avons compté sur les concentrations les plus importantes de taxis, telles que les gares routières, l'aéroport, le port, les abords des hôtels, etc.» Le premier responsable de l'Unact ajoute notamment que la plupart des taxis collectifs sont affiliés à l'Ugcaa qu'il traite de «foyer d'aventuriers». Selon ses propres chiffres, «100% des taxis interwilayas ont suivi la grève alors que ce pourcentage est de 45% des taxis urbains à Alger». L'Unact représente, d'après les mêmes sources, 50% des taxis sur le territoire national soit environ 50.000 adhérents sur un total de 110.000 exploitants. D'autres organisations corporatistes, comme la Fédération nationale des transporteurs terrestres (Fntt), et la Fédération nationale des taxis (Fnta), ont émis, par la voix de leurs représentations nationales, des réserves sur ce mouvement de débrayage. En revanche, les membres de l'Unact certifient qu'ils ont reçu un paquet de soutiens faxés par des antennes locales de ces mêmes syndicats «concurrents». Une guerre larvée qui ne dit pas son nom. Maintenant pour les perspectives de ce mouvement de fronde, le représentant de l'Unact menace d'une nouvelle grève «puisque la tutelle (le ministère des Transports, ndlr) continue à faire la sourde oreille».