Donald Trump a signé jeudi un décret prévoyant des sanctions contre la Cour pénale internationale, accusée d'avoir «engagé des actions illégales et sans fondement contre l'Amérique et notre proche allié Israël», qui s'en est «félicité» hier. Dans un communiqué sur X, le ministre sioniste des Affaires étrangères Gideon Saar a assuré que la CPI poursuivait «de façon agressive les dirigeants élus sionistes, la seule démocratie au Moyen-Orient». Selon lui, la Cour n'a aucune légitimité dans la mesure où l'entité sioniste et les Etats-Unis ne sont «pas membres de la CPI». La Cour pénale internationale (CPI) a condamné immédiatement la décision du président américain Donald Trump de sanctionner la juridiction et s'est engagée à continuer de rendre justice dans le monde. « La CPI condamne la publication par les Etats-Unis d'un décret visant à imposer des sanctions à ses fonctionnaires et à nuire à son travail judiciaire indépendant et impartial», a déclaré la CPI dans un communiqué. La CPI, basée à La Haye, «condamne» ce décret et elle « soutient fermement son personnel et s'engage à continuer de rendre justice et de redonner espoir à des millions de victimes innocentes d'atrocités à travers le monde». La CPI est une juridiction permanente chargée de poursuivre et juger des individus accusés de génocide, de crime contre l'humanité et de crime de guerre. Fondée en 2002, la Cour compte aujourd'hui 124 Etats membres et n'a prononcé qu'une poignée de condamnations. L'ONU et l'Europe ont vivement protesté, hier, contre la décision américaine. « Nous regrettons profondément les sanctions individuelles annoncées, hier, contre le personnel de la Cour et nous demandons» aux Etats-Unis «de revenir sur cette mesure», a affirmé une porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, Ravina Shamdasani. « Nous soutenons pleinement le travail indépendant de la Cour», un «élément essentiel de l'infrastructure des droits de l'homme», a-t-elle estimé. La décision de M. Trump de sanctionner la CPI «menace» son «indépendance et mine l'ensemble du système de justice internationale», a averti hier, de son côté, Antonio Costa, président du Conseil européen. Le texte, diffusé jeudi par la Maison- Blanche, interdit l'entrée aux Etats-Unis aux dirigeants, employés et agents de la CPI, ainsi qu'aux plus proches membres de leurs familles et à quiconque considéré comme ayant apporté son aide aux travaux d'enquête de la CPI. Le décret prévoit aussi de geler tous les avoirs détenus aux Etats-Unis par ces mêmes personnes. Les noms des individus visés n'ont pas été rendus publics dans l'immédiat. De précédentes sanctions prises par le précédent gouvernement Trump en 2020 avaient visé Fatou Bensouda, alors procureure de la Cour. Selon le texte diffusé par la Maison-Blanche, la CPI a «engagé des actions illégales et sans fondement contre l'Amérique et notre proche allié Israël», des références aux enquêtes de la CPI sur des crimes de guerre de soldats américains en Afghanistan et de militaires sionistes dans la bande de Ghaza. Les Pays-Bas, qui abritent la Cour pénale internationale, ont fait part de leurs «regrets» après l'annonce du décret.