La présidence syrienne a indiqué, dimanche soir, qu'elle met en place une commission indépendante chargée d'enquêter sur les tueries qui ont ciblé la communauté alaouite dont est issu le président déchu, Bachar al Assad, dans les gouvernorats de Lattaquié et Tartous principalement. Ces tueries ont eu lieu dans un contexte d'affrontements entre des fidèles de Bachar et les forces de police issues des groupes rebelles dirigés par Hayat Tahrir al Cham (HTS), ex al Nosra, branche locale d'Al Qaïda. Elle a précisé, dans un communiqué posté sur son compte Telegram, que ladite commission est constituée de sept membres et quelle a pour mission d'enquêter sur «les exactions contre les civils», de «désigner les responsables» et de les déférer devant les tribunaux. La flambée de violences est sans précédent depuis que les mouvements rebelles dominés par HTS ont pris le pouvoir le 8 décembre dernier et elle a soulevé une indignation internationale. Nombreuses sont les capitales qui les ont condamnées avec force. Hier, les nouvelles autorités ont assuré que l'opération militaire dépêchée contre les fidèles de Bachar al Assad, en région alaouite, s'est achevée «avec succès», sans mentionner le nombre des victimes évalué à quelque 1500, dont un millier de civils, par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (Osdh), basé à Londres mais pourvu d'un vaste réseau d'alertes. Le nouveau président par intérim, Ahmad al-Chareh, a déclaré qu'il ne laisserait pas les fidèles du régime al-Assad «entraîner le pays» dans une nouvelle «guerre civile». «Nous ne permettrons à aucune force extérieure ou à aucun acteur local d'entraîner la Syrie dans le chaos ou la guerre civile», a-t-il ainsi asséné. L'Osdh indique, par ailleurs, qu'il y aurait 250 morts parmi les combattants insurgés et 231 au sein des forces de sécurité du nouveau régime. «Les zones visées étaient celles des alaouites et des chrétiens», a également souligné le patriarche orthodoxe d'Antioche, Jean X. «De nombreux chrétiens innocents ont aussi été tués», a-t-il déploré, aucune indication n'ayant été fournie quant au nombre exact de ces victimes. Selon des témoignages, les corps des victimes ont été jetés dans des fosses communes, empêchant leurs familles de les identifier. «Nous annonçons la fin de l'opération militaire (...) après le succès de nos forces pour atteindre tous les objectifs fixés», a proclamé hier, le porte-parole du ministère de la Défense, Hassan Abdel Ghani, cité par l'agence officielle Sana. Il a ajouté que l'opération militaire dépêchée en urgence a permis de «contenir les attaques de ce qui reste du régime déchu» et «déjouer l'effet de surprise», laissant entendre qu'il y aurait eu une offensive planifiée de grande envergure. Durant plusieurs jours, la ville de Lattaquié et ses environs étaient plongées dans une véritable panique, les témoignages évoquant des «étrangers islamistes «par les combattants gouvernementaux responsables des attaques contre les civils.