Les nazis, avec les horribles crimes contre l'humanité qu'ils ont commis, apparaissent comme de petits joueurs face à la France coloniale. L'utilisation des armes chimiques ne remonte pas à la Seconde Guerre mondiale, ni même à la Première. Les Français les ont utilisées bien avant les deux guerres pour décimer des populations entières. La France a été pionnière dans l'utilisation des armes chimiques pour commettre des génocides innommables durant sa longue présence en Algérie. L'utilisation de ces armes, pourtant interdites depuis des siècles, a commencé dès l'arrivée des Français en 1830, ce qui témoigne de leur intention macabre d'exterminer complètement la population autochtone. Les chiffres de ces crimes contre l'humanité donnent froid dans le dos. Dès 1830, la première utilisation d'armes chimiques a fait au moins 760 victimes, comme l'a indiqué, jeudi, Amar Mansouri, chercheur algérien en génie nucléaire. Celui-ci, se basant sur des témoignages d'officiers français, affirme que «300 utilisations d'armes chimiques contre les Algériens ont eu lieu, 800 villages ont été détruits au napalm et 800 000 tonnes de TNT ont été déversées sur plusieurs régions du sud du pays». Amar Mansouri, invité de la chaîne 3, a ajouté qu'en 1845 «au moins 1 000 personnes de la tribu d'Ouled Ryah (Mostaganem) ont été tuées par asphyxie dans une grotte». L'intervenant a déploré la triste expression d'un général de l'armée française, jubilant de ses actes génocidaires et se vantant de «griller les Arabes». Ces «génocides répétés» ont été le théâtre de l'utilisation de toutes sortes d'armes chimiques, comme en 1852, lorsque 6 000 soldats français ont envahi la ville de Laghouat, où ils ont utilisé, pour la première fois, du chloroforme et du phosphore. Pas moins de 3 586 victimes ont été dénombrées lors de ce génocide. Le chercheur algérien raconte encore que l'armée génocidaire a utilisé toutes les armes chimiques au polygone de Touggourt, puis à Béni Ounif et Oued Namous dans le Sud algérien en 1830. Il a précisé que les gaz utilisés (sarin, moutarde, butane, phosphore...) ont des effets dévastateurs sur le système nerveux, provoquant des brûlures et attaquant différents organes du corps humain. Parmi ces gaz, certains ont une durée de vie de plusieurs siècles, citant en exemple le plutonium, utilisé à l'air libre, qui a une durée de vie de 241 000 ans. Un siècle après les premières utilisations d'armes chimiques, la France perpétue sa tradition. Entre 1957 et 1959 seulement, la France a eu recours aux armes chimiques dans 450 opérations militaires, selon l'historien français Christophe Lafaye. Ces opérations ont eu lieu, selon le même scientifique, en Haute-Kabylie et dans les Aurès où la guerre d'indépendance battait son plein. Ces chiffres méritent «d'être complétés par l'ouverture d'archives encore aujourd'hui classées», a-t-il déclaré dans une interview au site actu.fr. Il est à noter que le nombre de crimes commis lors de ces opérations, ainsi que d'autres encore, pourrait être bien plus élevé que ce qui a été annoncé par les chercheurs ayant travaillé sur ce sujet, en raison notamment de la rétention d'archives coloniales par les autorités françaises. L'accès à ces archives «sensibles» est très restreint pour les chercheurs et autres universitaires. Pour sa part, l'invité de la Radio nationale Amar Mansouri a indiqué que l'Algérie peut exiger de la France qu'elle nettoie les sites contaminés par les explosions nucléaires. C'est une demande plusieurs fois formulée par l'Algérie auprès de la France, mais cette dernière refuse toujours de satisfaire. Plus d'un siècle après ses premières utilisations d'armes chimiques en Algérie, la France se dérobe et refuse toujours de reconnaître ses génocides. Pourtant, ce sont des crimes contre l'humanité sur lesquels s'accordent les historiens des deux côtés, mais que la France officielle refuse d'affronter. Les cadavres des centaines de milliers de victimes, assassinées par les soldats de l'armée française de la manière la plus cruelle et infâme, continuent de remonter à la surface de l'Histoire et hantent les esprits. Telle une personne malade qui tente de fuir ou détourner son regard des fantômes du passé, la France est, ces derniers temps, atteinte d'une grave psychose mémorielle.