La première responsable de la Dgsi française, Céline Berthon, a annoncé ce jeudi, une forte baisse des relations de ses services avec leurs homologues algériens. La patronne de la sécurité intérieure de l'Hexagone impute cet état de fait au climat politique délétère entre les deux pays, qui empêche les professionnels du renseignement de faire convenablement leur travail. Dans la bouche d'un haut gradé de la sécurité, cette absence presque totale de contact entre deux institutions qui se connaissent parfaitement, est une critique à peine voilée de sa hiérarchie directe, aujourd'hui, entre des mains inexpertes. Bruno Retailleau, dont la mission est de sécuriser le territoire et les citoyens qui y vivent, met en grande difficulté ses propres services en les rendant aveugles. Le chahut fait autour du prétendu attentat au couteau commis par un déséquilibré algérien sous OQTF, aura visiblement l'effet inverse à celui recherché par le ministre. Et pour cause, la fin de la collaboration entre les services fragilise considérablement le système français de sécurité. Et ce ne sont pas les déclarations récentes de Retailleau et de son collègue des Affaires étrangères qui rétabliront les contacts, bien au contraire. La fameuse «première liste de 120 individus dangereux remise à l'Algérie», constitue un facteur bloquant. Retenons de cette nouvelle tentative de Retailleau les mêmes approximations que celles de Bayrou sur les «4 semaines, 6 semaines». Le ministre de l'Intérieur s'est cru obligé de préciser qu'«ils n'ont pas tous la même dangerosité», en parlant des Algériens expulsables. Il faut savoir ce que l'on veut! Et pour son «épreuve de vérité», comme il qualifie cette opération, Bruno Retailleau risque d'être encore une fois déçu.Cette manière de faire de la politique entre deux grands pays méditerranéens n'a aucune relation avec des échanges inter-Etats. Tant que Place Beauvau continue sur cette voie sans issue, il ne faut espérer aucune reprise des relations entre les services. En tout cas, tant qu'au plan politique, on joue aux gros bras, sans en avoir les moyens. Cette manière qu'ont certains responsables français d'annoncer à la presse des «représailles» ou des «actions graduées» ne contraindra en rien l'Algérie. Fort de son bon droit au regard de ses lois, des lois françaises et du droit international, l'Etat algérien ne cédera jamais à la pression, a fortiori lorsque celle-ci est médiatique. Les données du problème algéro-français sont en réalité claires. Sansal, les OQTF et la prétendue dignité française bafouée représentent les munitions, dont se sert l'extrême droite française, pour torpiller tout rapprochement entre la France et l'Algérie. Pareille perspective causera sa perte. La vérité historique sur les crimes de la colonisation fera une seule victime: l'extrême droite. À ce propos, la diffusion par une chaîne de télévision suisse et sur les réseaux sociaux d'un documentaire sur la guerre chimique menée par l'armée coloniale en Algérie allait faire écrouler leur thèse, n'était-ce la censure du documentaire en question, qui devait être diffusé sur France 5. Cette nouvelle charge contre l'Algérie poursuit l'objectif non assumé par certains milieux racistes de monter d'un cran dans l'escalade. Sinon, comment expliquer cet acharnement sur les OQTF algériens, alors que d'innombrables autres pays d'Afrique et d'ailleurs refusent de délivrer les laisser-passer consulaires? L'intention réelle n'est ni de libérer Sansal ni de renvoyer les Algériens, mais d'empêcher que les Français apprennent ce que les ancêtres de Le Pen, Retailleau et Zemmour ont fait en Algérie.