Le Hamas palestinien et Israël doivent reprendre les négociations indirectes à Doha, via les médiateurs internationaux, pour tenter d'aplanir les profondes divergences sur les modalités de la suite du fragile cessez-le-feu dans la bande de Ghaza. Arraché par les médiateurs -Qatar, Egypte, Etats-Unis-, l'accord de trêve est entré en vigueur le 19 janvier, après quinze mois d'une guerre dévastatrice contre Ghaza, depuis le 7 octobre 2023. Selon une source proche des négociations, une délégation du Hamas dirigée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef, a quitté hier le Caire pour Doha, qui abrite le bureau politique du mouvement. Samedi soir, le Premier ministre sioniste, Benjamin Netanyahu, «a donné instruction à l'équipe de négociateurs de se préparer à la poursuite des discussions», a indiqué son bureau après une réunion avec les négociateurs et les chefs de la sécurité «sur la question des prisonniers» capturés durant l'attaque du 7-Octobre et emmenés à Ghaza. Ces discussions auront lieu sur la base de la proposition de l'émissaire américain Steve Witkoff, prévoyant «la libération immédiate de onze prisonniers vivants et de la moitié des prisonniers morts». Witkoff a participé aux négociations à Doha ces derniers jours. Sur les 251 personnes, au bas d d'un immeuble de quatre étages enlevées au total le 7 octobre 2023, il reste 58 à Ghaza, dont 34 ont été déclarés morts. Le Hamas a, lui, indiqué vendredi être prêt à libérer un prisonnier israélo-américain, Edan Alexander, et à rendre les corps de quatre autres israélo-américains en échange de la libération de détenus palestiniens. Cette offre, selon le Hamas, émanait de l'envoyé spécial américain pour les prisonniers Adam Boehler, qui a eu récemment des discussions directes sans précédent avec le mouvement de résistance. Mais Israël et les Etats-Unis ont rejeté la proposition du Hamas. Avant son départ pour Doha, «la délégation du Hamas a eu des discussions fructueuses» au Caire «sur les moyens d'avancer dans l'application de l'accord de cessez-le-feu après l'acceptation par le mouvement de la proposition américaine actualisée», a dit un responsable du Hamas en allusion à l'offre de Boehler. La délégation a demandé aux médiateurs et garants, les Etats-Unis, de pousser (Israël) à autoriser immédiatement l'entrée de l'aide humanitaire à Ghaza et à entamer la deuxième phase des négociations», a-t-il ajouté sous couvert de l'anonymat. Durant la première phase de l'accord de trêve, qui a expiré le 1er mars, le Hamas a rendu 33 prisonniers, incluant huit morts, et Israël a libéré environ 1 800 détenus palestiniens. Aujourd'hui, cet accord est en péril, les belligérants campant sur leurs positions et s'accusant mutuellement de le bloquer. Le Hamas réclame de passer aux négociations sur la deuxième phase de l'accord, qui prévoit selon lui un cessez-le-feu permanent, le retrait israélien de Ghaza, la réouverture des points de passage pour l'aide, et la libération des derniers otages. L'entité sioniste, elle, voudrait une extension de la première phase jusqu'à la mi-avril, la «démilitarisation totale» du territoire et le départ du Hamas, qui a pris le pouvoir à Ghaza en 2007. L'agression barbare sioniste contre Ghaza depuis le 7 octobre 2023 a fait au moins 48 572 martyrs, majoritairement des femmes et des enfants, d'après les données du ministère de la Santé, reconnues fiables par l'ONU, et provoqué un désastre humanitaire. Malgré la trêve, l'armée sioniste poursuit sans cesse des attaques meurtrières dans la bande de Ghaza. Des frappes samedi sur la ville de Beit Lahia (nord) ont fait neuf morts, dont quatre journalistes palestiniens, et des employés de l'organisation caritative Al-Khair» à Beit Lahia, selon la Défense civile de Ghaza, le plus lourd bilan sur un même site depuis le 19 janvier. Le Hamas a condamné «un horrible massacre» et «une violation flagrante du cessez-le-feu». Selon la Défense civile, l'un des journalistes tués était spécialisé dans les prises d'images par drone.