L'Expression : Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de L'Expression qui n'ont pas encore eu la chance de découvrir votre œuvre ? Habib Remil : Je suis né en 1949, à Hachem dans la wilaya de Mascara. Professeur retraité de sciences naturelles, j'ai à mon compte cinq romans et un recueil de nouvelles. J'écris dans le genre réaliste. Mon premier livre, « Epreuve fatale », a été publié en 2019. Comment êtes-vous tombé amoureux de l'écriture ? Ma passion pour l'écriture remonte à mes années de lycée. J'écrivais pour moi-même de la poésie puis des nouvelles et même des romans dont je garde jusqu'à aujourd'hui quelques écrits. Dans l'un de vos romans, intitulé Guerre et gangrène , vous revenez sur la guerre d'indépendance. Une étape qui ne cesse d'inspirer nos écrivains. Pourquoi selon vous ? « Guerre et gangrène » est mon avant-dernier roman. Et, en fait, il n'est pas le seul de mes romans, qui aborde la guerre d'indépendance. Mon autre roman Les enfants d'hier et la nouvelle « La gifle , parue dans mon recueil, On ne badine pas avec les sentiments», traitent aussi de cette période. Personnellement, au déclenchement de la Révolution j'avais 5 ans et à l'indépendance j'avais 13 ans et j'étais témoin de pas mal d'évènements : mon père en prison et à qui on rendait visite, ma grand-mère et moi ; mon oncle au maquis ; les perquisitions de l'armée française chez nous, les différentes exactions… Aussi, je fus marqué à jamais. On a aussi l'impression que tout n'a pas encore été dit de cette période noire de notre histoire. Chaque famille algérienne a sa propre histoire à raconter aux jeunes générations. Ce roman fourmille tellement de détails que le lecteur pourrait croire qu il s'agit d'une histoire totalement vraie. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus ? Mon roman Guerre et gangrène est le fruit de ma seule imagination, mais probablement que mon inconscient a gardé quelques anecdotes entendues par- ci, par- là et qui ont pu inspirer certains évènements du livre. Votre roman met en lumière des facettes atroces du colonialisme, comme la torture, mais aussi les manœuvres et les manipulations de l'armée coloniale. L'une des victimes de ces dernières est un de vos personnages qui, induit en erreur, sombrera dans un gouffre. N est-ce pas ? L'armée coloniale usait de tous les moyens et stratagèmes pour arriver à ses buts et soutirer la moindre information qui pourrait l'aider. C'était une armée d'occupation machiavélique qui ne s'embarrassait ni de morale, ni de droit international. Et le plan sournois utilisé par le capitaine Delacroix pour tromper le prisonnier Boualem, un des personnages principaux du roman, en est un bon exemple. Votre personnage Charef restet- il hors d'atteinte del'armée coloniale ? Pouvez-vous nous dresser un peu son profil puisqu il tient tant tète à l' armée coloniale ? Charef, chef du commando Ennasr, est un personnage charismatique, intelligent, courageux et rompu à la guérilla. Il donne du fil à retordre au capitaine Delacroix et à son armée. On voit aussi son humanité, à travers son comportement, comme par exemple lorsqu'il exige d'enterrer les cadavres des terroristes de l'OAS selon le rituel chrétien. Peut-on avoir une idée de vos autres œuvres ? « Autant Guerre et Gangrène que Les enfants d'hier traitent de la période coloniale. Epreuve fatale est une métaphore en forme de conte, sur l'autoritarisme et l'exercice absolutiste du pouvoir. Quant au recueil, On ne badine pas avec les sentiments , c'est un ensemble de cinq nouvelles qui alternent entre le social, le dramatique et l'historique. Mon dernier roman Cris dans la nuit est un drame social qui se déroule pendant les années 70 qui ont vu notre pays connaître des bouleversements socio-économiques très importants. Vous avez également publié des livres en langue arabe. Les écrivez-vous directement en arabe ou bien s'agit-il de traductions ? Pouvez-vous nous parler de cette expérience, l' écriture en langue arabe ? J'écris en arabe comme en français, mais ma seule publication réelle en arabe est la version originale de mon dernier roman Cris dans la nuit écrit d'abord dans ma langue maternelle. Considérez-vous qu'en écrivant des romans, un écrivain a des messages à transmettre aux lecteurs. Qu'en est-il de vous ? Personnellement, tous mes écrits, romans ou nouvelles, véhiculent des messages : qu'ils soient moraux ou ayant une portée historique. Vous participez beaucoup aux activités littéraires, pouvez-vous nous en parler ? Je suis très actif à l'échelle locale, Mascara, où je participe à la majorité des activités littéraires et culturelles. Comme j'ai également eu l'occasion de prendre part à certaines activités hors de ma ville. La dernière en date est la présentation de mes ouvrages lors d'une rencontre littéraire, à la bibliothèque Sophia, à Oran. Pouvez-vous nous parler un peu de vos lectures anciennes et récentes ? Mes lectures sont nombreuses et variées, en arabe comme en français, les classiques en particulier (Taha Hussein, Akkad, Dib, Victor Hugo, Feraoun) et les plus récents ( Romain Gary, Tahar Ouettar, Yasmina Khadra…). Ma lecture actuelle est le roman de Marquez L'amour au temps du choléra ». Est-ce qu'on pourrait avoir une idée du sujet de votre prochain livre ? Je travaille actuellement sur un roman ayant pour thème ce qu'on nomme « la décennie noire », une période sombre de notre histoire contemporaine.