Les bras longs et les poches profondes! Une certaine partie de la classe politique française semble confondre mandat public et coffre-fort personnel. Ces dernières années, la scène politique hexagonale a été secouée par une série de condamnations visant des figures de premier plan. Et la liste ne cesse de s'allonger! Des anciens présidents aux ministres, en passant par des parlementaires influents, plusieurs responsables ont été rattrapés par la justice, ternissant l'image d'une élite censée incarner l'exemplarité. L'un des cas les plus emblématiques reste celui de Nicolas Sarkozy. Premier chef d'Etat français condamné, il alourdit son casier judiciaire presque autant que son parcours politique. En 2021, il a écopé de trois ans de prison, dont un an ferme, pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire des écoutes. Depuis décembre dernier, il porte un bracelet électronique, un sort habituellement réservé aux «racailles» qu'il n'a cessé de fustiger tout au long de sa carrière. Pis encore, il a été frappé d'une inéligibilité de trois ans, une première pour un ancien Président sous la Ve République. Aujourd'hui, il risque encore plus dans l'affaire du financement libyen. Le Parquet national financier (PNF) réclame contre lui 7 ans de prison et 300 000 euros d'amende, l'accusant d'avoir bénéficié d'un pacte de corruption avec Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne présidentielle de 2007. Sarkozy n'est pas seul à voir la justice rattraper ses pratiques. Son ancien bras droit et secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, a été incarcéré le 13 décembre 2021 à la prison de la Santé pour sa condamnation dans l'affaire des primes en liquide du ministère de l'Intérieur. Il n'est pas le seul de la droite à ne pas se tenir droit. Marine Le Pen, qui se drape volontiers dans un discours de «vertu», a, elle aussi, été prise la main dans le sac. Le parquet de Paris a révélé, en novembre dernier, qu'elle était au coeur d'un «système organisé» de détournement de fonds au Parlement européen, pour un préjudice estimé à 7 millions d'euros. Son verdict tombera lundi prochain. Elle risque 5 ans de prison, dont 2 ferme aménageables, ainsi que 5 ans d'inéligibilité et 300 000 euros d'amende. Autre figure marquante, François Fillon, ancien Premier ministre et candidat malheureux à la présidentielle de 2017, a été reconnu coupable d'emplois fictifs pour avoir rémunéré sa femme et ses enfants comme assistants parlementaires. Condamné à 4 ans de prison, dont un an ferme, son ambition d'accéder à la présidence s'est brutalement éteinte. Jérôme Cahuzac, ex-ministre du Budget sous François Hollande, a, lui aussi, défrayé la chronique après sa condamnation pour fraude fiscale en 2018. Il a écopé de quatre ans de prison, dont 2 avec sursis, bénéficiant d'un aménagement sous forme de bracelet électronique. Impossible également d'oublier Patrick et Isabelle Balkany, figures du clientélisme à Levallois-Perret, condamnés pour fraude fiscale et blanchiment. Après un passage en prison, ils ont obtenu une libération conditionnelle pour raisons de santé. Mais quand certains ne volent pas, ils tombent pour agressions sexuelles ou propos racistes. Georges Tron, ex-secrétaire d'Etat sous François Fillon, a été condamné en appel en 2021 à 5 ans de prison, dont 3 ferme, pour viol et agressions sexuelles en réunion lorsqu'il était maire UMP de Draveil (Essonne). Eric Zemmour, lui, collectionne les condamnations pour incitation à la haine et propos racistes. Son ami Eric Ciotti, chantre du discours anti-immigration, n'est pas aussi «blanc» qu'il le prétend. Lui et sa femme sont visés par une enquête pour détournement de deniers publics. Il semblerait donc que la probité ne soit pas un critère obligatoire pour faire carrière en politique en France. Malgré leurs condamnations, certains continuent d'occuper des postes influents. Pendant ce temps, la presse française passe son temps à dénoncer la soi-disant corruption en Algérie. Mais dans les faits, qui sont les vrais corrompus? Qui collectionne les scandales? Dans quel pays les politiques tentent-ils d'interférer dans la justice? Marine Le Pen menace déjà de censurer le gouvernement si elle est condamnée. Ce qui est encore plus frappant, c'est que ceux qui s'agitent contre l'Algérie sont les plus corrompus et les moins scrupuleux: Sarkozy, Le Pen, Ciotti, Zemmour et tant d'autres. Peut-être devraient-ils commencer par balayer devant leur propre porte...