Ecrite et réalisée par Mokhtari, la pièce en question portant le titre Bricola se jouait ce jeudi soir à M'chedellah. L'avant-veille, c'était Ombre et lumière (Tiboukla) qu'on avait montée à Aomar, à l'occasion de la journée du théâtre. Le public l'avait boudée. À cause peut-être de l'approche de l'Aïd. Les gens , vers les derniers jours du mois sacré, ont d'autres chats à fouetter que de se distraire. Il y a les enfants à vêtir de neuf, il y a la « fatra » à donner avant la fête, et cela est un tel souci pour les familles à faibles revenus et qui ont déjà entamé fortement le budget familial. Suite à cette déconvenue, son auteur, Nouredine Zitouni, qui tient le rôle principal de Dda Rabah dans la pièce, et son ami Omar, qui lui donne la réplique dans le rôle de Makhlouf, se sont vu proposer par la Maison de la culture, de la programmer dans les prochains jours à M'Chdellah où le public pourrait lui réservera un meilleur accueil La pièce traite pourtant un sujet d'actualité : l'éternel conflit de générations, avec d'un côté, Dda Rabah qui incarne la tradition dans toute sa rigueur et sa splendeur, et de l'autre, Saïd, le fils de Dda Rabah et Makhlouf le prétendant de Djedjiga qui représentent le modernisme pur et dur. Le jeune Makhloud est amoureux de Djedjiga et demande sa main à son père. Dda Rabah refuse au motif que les idées et les manières du jeune homme le heurtent frontalement. Dans sa conception du mariage, ce n'est pas le prétendant qui vient faire la demande de mariage aux parents de la fille, mais les parents de ce dernier. Dans cette bataille où Makhlouf trouve dans le frère de Djedjiga un allié indéfectible, les échanges sont vifs, décoiffants. Pendant trente cinq minute, on assiste à une joute où les trois principaux personnages ne se font guère de cadeaux. Le quatrième personnage qui demeure absent de la scène, c'est Djedjiga. Dommage, car sa présence sur scène aurait donné à la pièce plus de carrure. Ses répliques plus de vie. Et son point de vue, plus d'intérêt. En la mettant en retrait, on a l'impression que l'auteur nous prive d'une chose essentielle dans la pièce ! On comprend que le public l'ait boudée. C'est un jeu trop cérébral, tout cela, un peu tiré par les cheveux, où le discours l'emporte sur l'action. Au lieu qu'avec un personnage qui lutte pour son émancipation, qui se fâche, trépigne, crie, tempête, claque les portes, menace de se défenestrer, bref qui remplit pleinement son rôle et lui donne de l'épaisseur, on a ce fantôme qui traverse de temps en temps la scène, sans pouvoir retenir une minute l'attention. C'est plat et c'est ennuyeux. Certes Saïd démasque son père qui mène une double vie : à cheval sur les principes à la maison et noceur dehors, à l'insu de sa famille. Pour prouver quoi, au fond ? Que Da Rabah est un tartuffe ? Est-ce que cela aide au débat d'idées ? Non, car chacun reste campé sur sa position, le père persistant dans son refus, et les deux jeunes gens continuant à afficher leurs idées progressistes et leur foi en l'avenir. Le comble, c'est que finalement, Dda Rabah qui a le dernier mot dans ce duel. Il triomphe à notre plus grande déception. Nous pensons que le débat qui a suivi ce spectacle donnera à réfléchir à l'auteur de cette pièce et à son ami Omar Allouache, tous deux natifs d'Aomar, pour étoffer l'intrigue en introduisant plus d'action et en mettant Djedjiga au centre de la pièce. C'est autour d'elle que doivent graviter les autres personnages. Sans elle, ils n'existeraient pas. À bon entendeur…