Empêcher les produits chimiques de tomber entre des mains belliqueuses, est la nouvelle mission des douanes. Assurer un contrôle performant des produits chimiques transitant via les frontières est le nouveau challenge des autorités douanières des pays du Maghreb et du Sahel. La question a fait l'objet, hier, d'une rencontre ayant regroupé les représentants des douanes du Maroc, de la Tunisie, du Mali, du Niger, du Tchad, du Burkina Faso ainsi que de l'Algérie. Lesquels pays figurent parmi les 181 Etats signataires de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques, adoptée en 1993 et entrée en vigueur depuis avril 1997. Des ateliers ont été installés lors de cette rencontre pour mettre sur pied des dispositifs visant à sécuriser le mouvement des produits chimiques dangereux et d'éviter, par là même, leur utilisation éventuelle par des organisations terroristes. Un risque des plus plausibles au vu de l'instabilité politique et économique prévalant dans cette région qui attise, depuis quelques années, les convoitises des organisations terroristes tout comme celles des grandes puissances. Un fait qui rend encore, plus pressante, la mise en oeuvre de dispositifs efficaces, capables d'empêcher ces produits chimiques de tomber entre les mains des terroristes ou des régimes belliqueux. Les opérations d'importation et d'exportation des produits extrêmement sensibles, utilisés dans l'industrie pétrochimique, sont légion et le rôle de la douane est, justement, de suivre la traçabilité de ces produits en n'autorisant que les entreprises fiables et sûres de les importer ou de les exporter. Le directeur général des Douanes algériennes à indiqué, à cet effet, que «en plus du contrôle du commerce extérieur, les douanes sont appelées, maintenant, à faire face à des problèmes sécuritaires liés à la menace des terrorismes chimique, biologique, radiologique et nucléaire». Le même fonctionnaire affirme «tous les produits chimiques toxiques et leurs précurseurs doivent connaître un traitement spécifique». Il est à rappeler, à ce sujet, que l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (Oaic) avait élaboré une liste répertoriant tous les produits pouvant être utilisés dans la fabrication des armes chimiques. Cependant, les insuffisances en matière de formation et d'équipements dont souffrent les services des douanes dans beaucoup de pays africains, les empêcheront, assurément, d'accomplir des tâches aussi techniquement délicates. Le représentant des Douanes maliennes nous a avoué que «le contrôle des substances chimiques, relève d'un domaine tout à fait nouveau pour nous et notre participation dans cette rencontre sous-régionale, vient justement pour permettre aux pays participants de se concerter et d'échanger leurs expériences en la matière». Il est à souligner, par ailleurs, que cette rencontre, marquée par l'absence du Soudan, de la Mauritanie et de la Libye, a vu la participation du secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, qui a rappelé à l'assistance la position de l'Algérie qui «milite pour l'élimination totale de l'arsenal d'armes de destruction massive dans le monde». Concernant les activités de l'Oiac où l'Algérie est membre permanent, on a cité, surtout, les quelque 2500 inspections conduites dans 76 Etats depuis la mise en place de cette organisation, en 1997.