«Nous n'avons pas de solution miracle à la corruption en Algé-rie». C'est ce qu'a, proprement, dit le directeur chargé des régions du Maghreb de la Banque mondiale, M.Théodore Ahlers, dans un point de presse qu'il a animé, hier matin à Alger. La maîtrise de la passation des marchés publics demeure, selon lui, le seul moyen pour lutter contre la corruption en Algérie. Ces propos, qui émanent d'un haut responsable d'une institution financière internationale, démontrent, effectivement, que la corruption a atteint un degré inquiétant dans notre pays. Pour rappel, le dernier rapport de Transparency international classe l'Algérie à la 84e place sur les 163 pays avec une note de 3,1/10. Cette situation ne préoccupe pas seulement les pouvoirs publics mais, également, la Banque mondiale. Celle- ci veut apparemment prêter main-forte à notre pays pour le faire sortir de ce cercle infernal. D'ailleurs, plusieurs actions ont été déjà lancées dans ce sens. S'expliquant sur le plan de travail tracé, le directeur, chargé de la région du Maghreb, a fait savoir qu'un don de 400.000 dollars a été accordé par la BM au profit de la Commission nationale des marchés publics. Ce don doit contribuer, précise le représentant de la BM, au financement d'actions de renforcement et d'amélioration des missions de la commission nationale des marchés publics (révision des procédures, rétribution des consul-tants...). Comme il servira à l'organisation des séminaires de formation sur le processus d'attribution des marchés. «Le fait d'améliorer ce processus permettra de lutter contre la corruption», reconnaît M.Ahlers. ce dernier a rappelé, dans ce contexte, que le partenariat entre l'Algérie et la BM reposait sur trois impératifs essentiels, à savoir «une meilleure utilisation des ressources financières provenant notamment des exportations des hydrocarbures, la création de l'emploi par l'amélioration du climat des affaires, et le renforcement du secteur des services destinés à la population». Citant d'autres actions, il indiquera qu'un contrat portant sur l'assistance et la maîtrise des passations des marchés a été signé avec la compagnie Sonatrach récemment. Un autre accord d'assistance technique et de conseil a été également paraphé avec le ministère des Ressources en eau et la Caisse nationale d'équipement et pour le développement (Cned, créée en 2005). Interrogé sur la nature de la coopération de la BM dans ce vaste projet, M.Ahlers a souligné qu'au regard de l'excellente situation financière de l'Algérie, le soutien de la BM pour la période 2004-2006 était axé davantage sur une coopération «immatérielle» (conseil, transfert et partage de connaissances, travail analytique et consultatif, vulgarisation, aide à l'organisation). En réponse à la question sur la qualité du système de supervision des banques algériennes, dont un certain nombre est impliqué dans des détournements de fonds et de mauvaise gestion dans l'octroi des crédits, M.Ahlers trouve simplement qu'au-delà de ces malversations, «le dispositif algérien de contrôle bancaire s'est beaucoup amélioré». Selon ses chiffres, les banques publiques coûtent à l'Etat un montant équivalant à 3 ou 4% du PIB entre détournements de fonds, opérations de recapitalisation et rachat des dettes bancaires par le Trésor public. Le Produit intérieur brut algérien est évalué actuellement à 120 milliards de dollars environ. Pour le représentant de la BM, la lutte contre ces détournements passe également par l'instauration d'une gestion encore plus rigoureuse dans le secteur bancaire public. «Ce rôle incombe à l'Etat en tant qu'actionnaire unique des banques publiques pour les responsabiliser davantage», a-t-il dit. Enfin, il a fait savoir que la Banque mondiale allait prendre part à une rencontre sur la corruption, qui sera organisée, prochainement, par le Conseil national économique et social (Cnes) algérien.