Le ministre de la Justice n'a pas inscrit la convocation de Boudjerra Soltani dans le temps. Après les dernières déclarations du leader du MSP, affirmant détenir la liste de hauts fonctionnaires de l'Etat impliqués dans des affaires de corruption, et après que la justice se soit autosaisie, le jour même du discours du chef de l'Etat devant les walis, les choses sérieuses commencent. En effet, Boudjerra Soltani va bel et bien s'expliquer devant la justice. C'est du moins ce qu'a déclaré, lundi, le ministre de la Justice, en marge de la cérémonie commémorative de la Journée de la police arabe à Chateauneuf. Sans le nommer, le ministre de la Justice a, en effet, indiqué que Soltani a été «invité à se présenter devant la procureur près la cour d' Alger». Ainsi, d'après le garde des Sceaux, le président du MSP a été convoqué par la cour d'Alger où il aura à présenter les «preuves» qu'il prétend détenir. L'on remarque que M.Belaïz a préféré utiliser le vocable d'«invité» au lieu de «convoqué». Autre remarque tirée de la courte déclaration du ministre de la Justice, c'est que ce dernier n'a pas inscrit la convocation de Soltani dans le temps. Il n'a donc pas précisé quand le président du MSP devrait comparaître. Et si ces dossiers n'existent pas? A ce moment-là force restera à la loi, qui sera appliquée dans toute sa rigueur. M.Soltani sera alors poursuivi pour dénonciation calomnieuse. Dès lors, ses propos seront perçues comme une manoeuvre politicienne, ni plus ni moins. D'autant plus que ces déclarations gravissimes, à condition qu'elles soient étayées par des preuves, émanent d'un ministre d'Etat tenu par des engagements, aussi bien dans le cadre de l'Alliance qu'au sein du gouvernement. Car, à ce niveau, tout dossier sensible aurait dû être soumis à la justice. Ce qui est certain, en revanche, c'est que le président du MSP est officiellement convoqué par le procureur près la cour d'Alger pour prouver la véracité de ses propos. On dit même que Soltani serait l'une des victimes du prochain remaniement ministériel. Ce dernier, rappelle-t-on, a été stigmatisé par le président de la République qui lui a signifié lors de la précédente rencontre gouvernement-walis, tenue à Alger le 9 décembre dernier, que ses déclarations sur la corruption relèvent d'un comportement politiquement incorrect. «Celui qui veut faire de la politique qu'il le fasse en dehors des cercles officiels», martèle le chef de l'Etat. Une invitation à la démission qui ne dit pas son nom, mais qui a dû mettre la puce à l'oreille de M.Soltani. Le premier à annoncer la couleur est la justice qui n'a pas trop tardé à passer à l'action. D'autre part, et à une question sur la sécurité des magistrats, le ministre de la Justice a affirmé que «les juges d'Algérie n'ont jamais reculé devant la menace même au plus fort du terrorisme», a-t-il déclaré avant d'ajouter qu'un quatrième inculpé dans le meurtre du juge d'Annaba a été arrêté dans l'après-midi de lundi dernier. Enfin, le ministre a annoncé, lundi soir à Alger, que son département projette d'organiser, début février 2007, un séminaire national pour expliquer le contenu de la loi sur la corruption et l'organisme de la corruption. «Toute la société civile est conviée à cette rencontre, notamment les institutions de l'Etat et les partis politiques», a-t-il conclu.