Comment réagirait-on à un afflux plus important de la main-d'oeuvre étrangère au cas où la demande se faisait cruellement sentir. Le ministre du Commerce a, lors du désormais Forum hebdomadaire organisé par l'Entv, fait le parallèle entre l'industrie du bâtiment qui souffre d'un manque évident de main-d'oeuvre spécialisée et qui a donc fait appel à des étrangers et, particulièrement, la main-d'oeuvre chinoise présente en force sur le territoire algérien, avec quelque 18.000 personnes, et les commerçants (chinois eux aussi), qui se sont installés en Algérie de manière tout à fait régulière. Ces derniers ouvrent droit à un registre du commerce au même titre que les Algériens, a tenu à préciser le ministre du Commerce. Tout en n'omettant pas de louer le professionnalisme et le savoir-faire de cette main-d'oeuvre tentaculaire qui n'hésite pas à écumer tous les continents de la planète. Comment réagirait-on à un afflux plus important de la main d'oeuvre étrangère au cas où la demande se faisait cruellement sentir, étant donné que l'Algérie, considérée par les observateurs en plein «boom économique», devra certainement faire face à ce phénomène propre à tous les pays en pleine expansion et qui demeure un des facteurs essentiels, et même incontournable, à la réalisation des projets contenus dans les plans de développement économique. La question mérite d'être posée pour un pays comme l'Algérie qui connaît un taux de chômage relativement élevé, 15%, et qui fait aussi face à une crise du logement que devrait pallier la construction du million de logements initiée par le chef de l'Etat, M.Abdelaziz Bouteflika d'ici à l'horizon 2009. Pays pourvoyeur de main-d'oeuvre depuis le début du siècle dernier, la main-d'oeuvre algérienne avait pour particularité de ne pas être spécialisée et représentait surtout une force de travail nécessaire à la reconstruction de l'économie de la France. La main-d'oeuvre étrangère ne fut pointée du doigt que lorsque la crise économique s'est installée de manière durable faisant des milliers de travailleurs licenciés. En Algérie, paradoxalement, c'est le manque de main-d'oeuvre spécialisée et son savoir-faire qui risquent d'être les facteurs déclenchant de ressentiments provoqués par la frustration et de mener vers des réflexes xénophobes pourtant étrangers à la société algérienne, ancestralement réputée pour son hospitalité. L'Algérie emprunte difficilement les chemins qui mènent vers l'économie de marché. La transition est aussi une affaire de mentalité et de culture. Une transition imposée par la dislocation des deux blocs, l'ex-URSS, et les Etats-Unis qui avaient opté pour deux options économiques diamétralement opposées. Une économie planifiée dite «socialiste» et une économie capitaliste dite de marché. Ce qui mit, pour l'Algérie, fin à une longue période de tâtonnements, d'assistanat des entreprises publiques, à forte connotation idéologique qui a même mené «l'économie algérienne» droit dans le mur. L'Algérie dont la locomotive économique demeure les recettes en hydrocarbures, peut trouver en ces dernières l'argument qui mènerait à bon port les réformes et les projets qui pourront asseoir définitivement une économie pérenne qui devrait répondre aux normes internationales, aux mécanismes structurels qui devraient servir non seulement de levier mais de véritable soupape de sécurité aux aléas des conjonctures économiques. L'économie de marché privilégiée par la plupart des pays de la planète, fait que certains d'entre eux y sont pieds et poings liés à défaut d'être asphyxiés par l'appétit gargantuesque du marché mondial.