Le FLN dispose d'une large majorité au Sénat, avec 53 sièges contre 30 pour le RND sur les 96 élus. Le Conseil constitutionnel vient de rendre son verdict. «A la suite de l'annulation des élections dans les wilayas de Djelfa et de Constantine, les parties concernées organiseront d'autres élections dans un délai de huit jours à compter de la date de notification des décisions», indique l'institution dans un communiqué rendu public lundi dernier. Le porte-parole du FLN, Saïd Bouhadja, estime que le parti a fait de «bons résultats». Il dispose de 53 sièges parmi les 96. Cela représente une confortable majorité pour le parti. «Maintenant, le FLN va jouer pleinement son rôle législatif. Mais en même temps, on se prépare à appréhender les prochaines élections», ajoute-t-il en reconnaissant que «dans certaines wilayas, il y a eu des comportements indécents; nous prendrons en tout cas les mesures qui s'imposent». Le RND se dit «très satisfait» des résultats. Selon son porte-parole, Miloud Chorfi, «on a eu des sièges même là où on n'a pas la majorité grâce à la mobilisation de nos militants». Vraisemblablement, le RND disposera de 30 sièges. «Nous avons désormais notre groupe parlementaire au Sénat», conclut-il. Il va sans dire que le RND n'aura pas besoin de faire des recours. A Djelfa, le parti d'Ahmed Ouyahia est sorti vainqueur avec 171 voix au grand dam du FLN qui disposait, cependant, de la majorité (141), en ne récoltant que 123 voix. A Constantine, il y a eu deux candidats FLN; celui issu des primaires et un autre qui s'est présenté en candidat libre. Ces derniers se sont mesurés au candidat d'El-Islah, parti favori, qui n'a récolté que 52 voix contre 94 voix pour le FLN, grâce au concours du RND. Les divisions au sein du parti de Djaballah ont joué un sale tour à leur candidat. Les élus de ce parti ne se sont présentés aux urnes que dans l'après-midi, indique-t-on. Le candidat dissident du FLN a obtenu, toutefois, 35 voix. A Boumerdès, il y a eu secousse tellurique. Le candidat du FLN, majoritaire en termes de voix de ses élus, a perdu face au candidat du RND, le président de l'APC de Zemmouri. Les militants du FLN sont sous le choc. On ne comprend pas pourquoi un président d'APW, ancien député et pressenti pour prendre la mouhafadha, peut perdre devant un maire quelconque. A Chlef, le candidat du RND a battu celui du FLN à 195 voix contre 122. Alors que le FLN disposait d'une large majorité, de 158 voix contre 82 pour le RND. Le MSP a obtenu 44 voix avec seulement 38 élus. Là aussi on se pose de sérieuses questions sur l'exploit du RND. Ces exemples illustrent parfaitement le désordre qui règne dans la maison FLN. La présidentielle de 2004 a laissé des séquelles tangibles. Les animosités persistent au point que des militants cèdent leurs voix au parti rival; chose qui était inadmissible par le passé. La direction du parti savait que la pression exercée par l'administration sur les élus était intenable, que les candidats choisis parmi les élus de 2002 n'étaient pas les meilleurs, que les nantis avaient acheté des voix, que les avertissements lancés par les superviseurs n'ont servi à rien, etc. Le désordre est parfait. L'équipe de Belkhadem a un sacré travail à accomplir durant les cinq mois qui la séparent du rendez-vous des législatives. Elle doit déployer beaucoup d'efforts pour en finir d'abord avec l'opération de restructuration qui n'a que trop duré. Elle doit ensuite plancher sur les législatives en ne négligeant aucun détail, afin de ne laisser aucune faille au parti rival qui profite de la guéguerre interne du vieux parti pour frapper là où on l'attend le moins. Bouhadja indique que le FLN fait désormais cap sur les législatives. Les sénatoriales ont dévoilé beaucoup de lacunes qu'il faut combler en assignant à chacun un rôle bien défini. La restructuration sera achevée bien avant les élections législatives, conclut-il. Décidément, le FLN a du pain sur la planche. Il doit doubler de vigilance pour stopper l'hémorragie.