Le traité d'extradition, paraphé entre l'Algérie et la Grande-Bretagne à Londres le 11 juillet 2006, à l'occasion de la visite de M.Abdelaziz Bouteflika au Royaume-Uni, et adopté par le conseil des ministres le 26 novembre 2006, est entré en application avec la décision des autorités anglaises de répondre à la demande des cinq Algériens, soupçonnés de terrorisme et détenus à Londres depuis 2004 en vertu de la loi contre le terrorisme, de rentrer en Algérie. Leur détention jugée illégale par les avocats et les organismes de défense des droits de l'homme, avait été prolongée sous le coup de la loi sur l'immigration. Voyant leur situation inextricable en matière juridique, car détenus pour une durée indéterminée, les cinq jeunes Algériens ont préféré répondre à la justice de leur pays que de rester dans cette situation d'attente. Les avocats ont déclaré que leurs clients ne supportaient plus cette situation d'où leur acceptation d'être extradés vers leur pays d'origine. Un acte qui ajoutera plus de crédit à la justice algérienne décriée à l'étranger, mais qui connaît, ces derniers temps, un mouvement de réformes et de redressement. Ces cinq Algériens sont soupçonnés de terrorisme et d'entretenir des liens avec les groupes extrémistes armés en Algérie. Le blocage constaté, jusque-là, dans la mise en application de la convention signée était dû au fait que le dernier mot, en matière d'extradition des personnes détenues par les autorités britanniques vers leurs pays d'origine, revient à la justice qui soumet son quitus avant toute décision finale. L'aval en question est assujetti aux garanties présentées par le pays d'accueil en matière de maltraitance et surtout de l'application de la peine de mort. L'application par les autorités algériennes de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale et la prise en charge des terroristes repentis paraissent dépasser les conditions exigées par les autorités britanniques. Les cinq détenus l'ont compris et comptent bien profiter de la clémence de la justice algérienne à leur égard que de rester cloîtrés dans les prisons anglaises pour un avenir incertain. Même la condition exigée par la justice anglaise de faire accompagner les détenus par un juge britannique, jugée inopportune par l'Algérie, n'a plus raison d'être du fait que ce sont les détenus eux-mêmes qui ont émis le voeux de «rentrer» au pays. Cette démarche pourrait être annonciatrice d'un mouvement de flux de candidats au retour au pays parmi les exilés islamistes qui ont fui le pays depuis les années 90 et sont, aujourd'hui, entre les mains de la justice européenne en Italie, en France et en Espagne plus particulièrement. C'est justement ce qui a fait dire à M.Mohamed Salah Dembri, ambassadeur d'Algérie en Grande-Bretagne que «notre partenaire est conscient que l'Algérie a évolué dans le domaine du respect des droits de l'homme. Notre pays bénéficie d'une grande crédibilité à l'échelle internationale». Quant au dossier de Abdelmoumen Khalifa, dont le procès est ouvert depuis le 8 janvier, les autorités n'entendent pas le lier explicitement à l'accord d'extradition qui reste global et durable dans le temps. «Le procès, qui s'ouvre au tribunal de Blida, n'est pas lié à l'accord d'extradition signé entre l'Algérie et le Royaume-Uni. Et l'absence du principal accusé ne saurait affecter son déroulement», avait soutenu notre ambassadeur à Londres, à l'occasion du début du procès.