Deux personnages-clés dans le processus de constitution de Khalifa Bank, Rahal et Guelimi, mis à rude épreuve par la présidente et le procureur. Au deuxième jour du procès Khalifa, la présidente de la séance, Mme Brahimi a auditionné deux importants acteurs. Il s'agit du notaire Rahal, qui a donné naissance au groupe Khalifa en signant les actes notariés ayant permis à Abdelmoumen Khalifa et ses associés de se lancer dans la constitution de leur empire financier, dont la Khalifa Bank est la pierre angulaire. Le deuxième est Djamel Guelimi, le témoin-clé de toutes les transactions ayant suivi le cheminement et l'épanouissement du groupe Khalifa depuis sa naissance et ce, jusqu'à sa chute brutale. Le notaire, aujourd'hui à la retraite et détenu dans cette affaire, a fait face, durant toute la matinée de la journée d'hier, aux tirs nourris des questions formulées par la présidente de séance d'un côté, et du procureur de l'autre, qui ont axé leurs interrogatoires sur les infractions à la loi, constatées lors de la constitution des actes notariés ayant donné naissance à la Khalifa Bank. «Vous avez délivré l'acte fondateur de la société Khalifa Bank sans avoir exigé l'attestation de dépôt du capital initial au niveau de la Banque d'Algérie, alors que cet acte est assujetti à ce document bancaire», fera remarquer Mme Brahimi à l'adresse du vieil homme campé sur sa chaise. Le point reproché concerne la délivrance du deuxième acte constitutif de la société amendé du 28/09/1998, où des changements ont été apportés particulièrement pour ce qui est du nombre des actions porté à 1875, alors qu'il était de l'ordre de 1825. De même, le nombre d'associés a été revu à la baisse avec changement du président-directeur général, ce qui est, aux yeux de la loi, une falsification, d'après le procureur. Pour se défendre, l'accusé invoquera la faute matérielle pour montrer qu'il n'y avait pas volonté d'enfreindre la loi. Les autres irrégularités signalées, portent sur le non-respect des conditions d'éligibilité du candidat à la création de la société, à savoir l'âge, le diplôme et les garanties financières. Maître Rahal revient dans la foulée sur les attestations d'hypothèque qui ont permis à Rafik Khalifa de bénéficier de crédits bancaires au niveau de l'Agence BDL de Staouéli. Khalifa a mis en gage la villa et le local familial sans que sa soeur, installée au Maroc, ne soit associée au projet. La présidente de séance révèle à ce sujet que la soeur de Abdelmoumène n'avait pas, à l'époque, quitté le territoire marocain, alors comment pouvait-elle apposer sa signature dans le document d'hypothèque, s'est-elle interrogée. Le directeur de l'Agence BDL de Staouéli, M.Mohamed Isridik, avait, quant à lui, dans ses déclarations faites au juge d'instruction, désigné Djamel Guelimi comme étant le représentant du notaire Rahal qui a présenté les documents notariés signés arguant que le concerné était absent ce qui sous-entend que la signature du document n'était qu'une imitation, prouvée par l'expertise des services de sécurité, d'autant plus que lors de son audition maître Rahal avait nié avoir signé ce genre de documents même si le cachet humide utilisé était le sien. Ce qui a fait dire à la juge que le projet de création de Khalifa Bank était parti sur du faux. Pour se disculper, le notaire tentera de nier toute intention de contourner la loi en se défendant bec et ongles avec pour seul argument, sa bonne foi. Le passage à la barre de Guelimi Djamel sera le clou de ce début de procès. De fil en aiguille, le procureur et la juge démontreront que cet ami d'enfance de Abdelmoumène Khalifa, est le centre d'intérêt de cette affaire, puisqu'il est l'auteur d'une fulgurante ascension au sein du groupe Khalifa où il a pu être propulsé de simple secrétaire du notaire Rahal au poste de président-directeur général de Khalifa TV, après un transit par le poste d'inspecteur général de la compagnie Khalifa Airways. La juge se basera sur les déclarations de l'assistante personnelle de Abdelmoumène Khalifa, qui révélera que Guelimi Djamel était l'homme de confiance du responsable du groupe Khalifa. Pour rappel, Djamel Guelimi est l'auteur de la tentative de transfert illégal de devises, intercepté en 2002 à l'aéroport Houari-Boumediene, en compagnie de deux autres personnes. Son père Omar Guelimi, est l'un des membres associés du groupe Khalifa, détenant 675 actions sur un capital de 50 milliards de centimes. Son statut d'associé fera l'objet d'une minutieuse enquête qui débouchera sur le fait qu'il est entré dans le cercle restreint des associés de Khalifa Bank sans aucun sou. Grosse interrogation de la juge. Cette dernière, laissera entendre à l'adresse de l'inculpé, Djamel Guelimi, qu'il est le vrai associé du projet Khalifa et que son père n'était qu'un prête-nom. Aussi, elle l'enfoncera davantage lorsqu'elle lui cite les sommes perçues par des membres de sa famille. A ce propos, il répondra qu'il s'agit de crédits octroyés par Khalifa Bank. Mais la juge n'en démord pas et fait rappeler à son vis-à-vis que Khalifa Bank ne fait pas dans le crédit et qu'aucun document allant dans ce sens n'a été trouvé dans les archives. Plus encore, les sommes n'ont été remboursées qu'après l'intervention du liquidateur de la banque. Mis mal à l'aise par ces révélations inattendues Djamel Guelimi a eu du mal à encaisser. Face à lui, les faits son rapportés en détail, montrant que le dossier Khalifa a fait l'objet d'un examen sous toutes ses coutures de la part des magistrats qui marquent en ce deuxième jour de procès plusieurs points. Ce qui promet des révélations insoupçonnées jusque-là.