Les militants, tous les militants qui ont fauté, «seront radiés des effectifs du FLN», quand les enquêtes auront confirmé leurs délits, dit-il. Abdelaziz Belkhadem n'a pas mâché ses mots pour dire ses quatre vérités aux sénateurs du FLN, réunis jeudi après-midi au siège du parti. Le verbe haut et le ton amer, le timbre de sa voix a résonné comme un couperet. «Il était logique qu'on ne nous surprenne pas quand on dispose de la majorité. Mais l'indiscipline a régné lors des dernières élections sénatoriales. Je regrette de le dire. Les voix des élus sont vendues et achetées. Sachez qu'il n'y a pas plus cher que l'honneur et la fidélité au parti. Si la matière prend le dessus sur tout autre considération partisane, nous pouvons dire adieu à la politique. L'argent en politique est comme le vinaigre dans le miel», annonce-t-il sur le même ton solennel. «Ces dépassements ont eu lieu dans certaines mouhafadhas. Ils ont été signalés aussi dans d'autres partis politiques. Mais la situation diffère parce qu'au FLN, on se considère respectueux des valeurs pour donner le bon exemple aux autres. Nous sommes respectueux de nos engagements envers les électeurs et les militants. Nous sommes aussi, à travers la confiance qui nous est accordée, les défenseurs de la justice, de l'équité et des faibles», poursuit Belkhadem en haussant crescendo le ton. «Rien ne justifie l'indiscipline. Nous avons envoyé une instruction parce qu'on savait. Quand les candidatures sont nombreuses, les voix se dispersent. Les querelles ont desservi le parti. La discipline est impérative. Nous appliquerons à la lettre l'instruction», avertit-il avant de reprendre: «La personne se renforce par le parti et non l'inverse.» Il marque un temps d'arrêt et demande aux journalistes de sortir...Tout le monde aura compris que la situation est grave. Ce n'est plus le Belkhadem qu'on a connu jusqu'ici. Le Belkhadem gentil, modeste et timide et fils de famille...fait partie du passé, il est définitivement enterré. En aparté, il confie que les trois candidats indépendants ont envoyé des lettres à la direction pour s'excuser. Il indique, toutefois, qu'ils comparaîtront devant la commission de discipline qui décidera de leur sort. «Elle est souveraine et impartiale», souligne-t-il. On croit comprendre qu'ils vont rejoindre le groupe parlementaire du FLN au Sénat, mais leur avenir politique semble scellé. Les militants, tous les militants qui ont fauté, «seront radiés des effectifs du FLN», quand les enquêtes auront confirmé leurs délits. Il s'agit, en effet, de délits graves retenus contre des militants qui croyaient ne rendre compte à personne. Certains sénateurs qui se sont sentis visés lui couraient après, la mine candide comme pour s'excuser d'avoir fauté par ignorance. Il tient à préciser que même ceux qui ont voté par bulletins nuls ou se sont abstenus de voter, doivent répondre de leurs actes parce qu'au FLN, on considère qu'ils ont voté contre leur parti en refusant de lui accorder leurs voix. L'année 2007 marque un tournant dans la vie interne du FLN. Désormais, on peut dire qu'il y a un «avant» et un «après» sénatoriales. La direction a bel et bien l'intention d'imposer la discipline partisane aux militants, quels que soient leurs statuts. En punissant les sénateurs, Belkhadem veut donner l'exemple, le gage de sa détermination à combattre le fléau, d'éradiquer le mal à la base, au risque de faire des mécontents. Les dissensions au sein du parti, qui ont assez duré, ont engendré des comportements nuisibles. Lorsque les superviseurs sont venus sensibiliser les élus, la veille des sénatoriales, certains ont haussé les épaules. Ils n'ont pas pris la peine de taire leurs opinions. Ils affichaient publiquement leurs intentions au nez et à la barbe des autres militants intègres et disciplinés. Belkhadem s'adresse à tout ce monde qui ne reconnaît aucune autorité partisane. Des têtes vont tomber. Il le dit sans ambages. Beaucoup de candidats aux législatives ou aux locales seront amèrement déçus.