La cité des Zianides, deux fois millénaire, vibrera jusqu'au 15 janvier prochain à la cadence de l'image et du son. Tlemcen accueille, depuis jeudi dernier, la 7e édition du Festival culturel national annuel du film amazigh, qui a coïncidé avec 1a célébration de la fête de Yennayer. Celle-ci, tradition séculaire oblige, est marquée du sceau des cérémonies d'Ayred, une expression carnavalesque, où les enfants se déguisent et sont accompagnés de fantasia et de baroud. Sillonnant d'abord les rues de la ville, ils atterriront après, dans la grande salle de la Maison de la culture où une exposition sur l'histoire du cinéma, de 1940 à nos jours par les affiches, se tient... A cette occasion aussi, Tlemcen s'est parée de cette fête, en partant du Fort Chouar, une citadelle choisie en 1145 par le sultan almoravide Youcef Ben Tachfine et édifiée par le sultan Yaghmoracen. Elle a été, par ailleurs, la résidence des souverains zianides et comportait de nombreux palais, des habitations, des bains, une mosquée et le palais du conseil... Aussi, face à cette bâtisse imposante se trouve cette vaste Maison de la culture qui abritera, jusqu'au 15 janvier prochain, cette nouvelle édition du film amazigh. En ouverture, ainsi, les Bnisous étaient là, pour transmettre le patrimoine de Yennayer et nous faire revivre la magie de cette fête, en se produisant dans la grande salle de cette Maison de la culture. A cette occasion, un séminaire portant sur l'historique d'Ayred, sa dimension anthropologique et ses expressions théâtralisées aura lieu aussi, le 12 janvier à Tlemcen, le 13 janvier à la Bibliothèque nationale d'El Hamma d'Alger et le 14 janvier, à la Maison de la culture de Tizi Ouzou. Un spectacle avec les rigolos frères Yacine et Hicherm Mesbah et leurs acolytes, des Folies berbères, fut donné, aussi, en cours d'après-midi de ce jeudi, avant l'entame officielle de ce festival dédié au cinéma amazigh. Ce denier donnera à voir cette année, une soixantaine de films dont 16 films amazigh en compétion, 6 films en panorama, en plus des activités scientifiques et d'animation et autres séminaires spécialisés notamment, dans la littérature et le cinéma, la critique cinématographique sans oublier, des ateliers de formation destinés à 35 stagiaires et 48 enfants, dans 1e cadre de l'initiation pour les métiers du cinéma, la lecture d'un film, etc...Cette année le Festival du film amazigh a décidé de rendre hommage à Abderrahmane Bouguermouh. Ce dernier est connu pour avoir travaillé comme assistant réalisateur pour Lakhdar Hamina (sur Chronique des années de braise) et réalisé deux longs métrages pour la RTA, Les Oiseaux de l'été (1978) et Noir et blanc/Kahla wa beïda (1980). Longs Métrages: Cri de pierre/ Ourâkh al-hajar (l 986), La Colline oubliée (1996). C'est madame Aïchia, porte-parole du directeur de l'Onda, Abdelhakim Taoussar, qui remettra l'insigne d'honneur, en guise de reconnaissance pour son apport au cinéma algérien. Se succèderont à la tribune, pour les allocutions conventionnelles d'ouverture, le directeur du Cnca, représentant du ministre de la Culture, Miloud Hakim, qui parlera au nom du wali de Tlemcen ainsi que le directeur de la chaîne de télévision Berbère TV, Ali Mokrani, au nom du directeur général de l'Entv, M.Hamraoui Habib Chawki, pour finir par le mot du commissaire dudit festival, Hachemi Assad. La soirée inaugurale du festival fut marquée par la projection du film La fin des Djins de Chérif Aggoune. Un film produit en 1990 par l'Enpa, actuellement dissoute. Il s'agit du premier film parlant en langue amazighe et tourné en 35 millimètres dans un cadre professionnel. Pour l'anecdote, le négatif de ce film de 22 minutes a été perdu, selon le réalisateur, n'était-ce le festival de Clermont-Ferrand qui a pu le sauver de l'oubli, en le copiant sur bétacam. Mêlant ses souvenirs d'enfance au mythe et à la fiction, ce film très touchant l'est d'autant plus car il évoque la guerre de Libération nationale en introduisant ces images d'enfance faites de peur, de rumeurs et de craintes des fantômes, avec une fraîcheur et une innocence captivantes, sur fond de décors naturels sublimes...«J'avais 6 ans en 1954. J'ai eu la chance de me faire plaisir en me racontant. Cela va peut-être décevoir certains, mais je ne l'ai pas fait dans un esprit militant» expliquera le réalisateur lors du débat filmique. Ainsi, c'est parti pour que Tlemcen vive au rythme et à la cadence de ce festival, qui, à bien regarder, n'est, hélas, pas bien médiatisé dans la ville...Mais ce n'est que le premier jour. Attendons pour...voir!