Les résultats de l'audition de douze ministres n'ont jamais été rendus publics. La Commission nationale sur la gouvernance peine à établir une évaluation sur les situations politique, économique et sociale du pays. C'est le constat établi, hier, par des spécialistes en économie présents à la conférence-débat du forum d'El Moudjahid, consacré au bilan de travail de la commission. L'intervention de la présidente de cette commission, Mme Karadja Fatma-Zohra, n'a pas convaincu les présents. Elle s'est contentée, en fait, à présenter la commission et l'objectif de son installation en mars 2005. Son travail consiste, a-t-elle rappelé, à consulter et à faire participer les institutions de l'Etat, la société civile et les acteurs économiques à leur auto-évaluation. La commission est censée établir le rapport d'évaluation de l'Algérie avant de le soumettre aux membres du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (Maep). Le président de la République avait recommandé que ce processus d'évaluation soit établi dans la plus grande transparence. Un participant à cette table ronde a soulevé la question de la crédibilité de cette commission. «Pourquoi sommes nous toujours en deçà des performances? la commission est-elle capable de porter des jugements sur la bonne gouvernance dans notre pays?», s'est-il interrogé. Pour sa part, l'économiste, M'barek Malek Serraï, a reproché à cette commission son absence de communication avec la société civile. Aussi, il a proposé de renforcer la représentativité de cette commission par la participation de la société civile. «Pour vous défendre, il faut communiquer», a conseillé M.Serraï. Par ailleurs, l'information sur l'audition de 12 ministres par la commission a suscité des interrogations sur les résultats de ces rencontres. Des questions qui n'ont pas trouvé de réponses chez Mme Karadja. Elle s'est contentée de dire qu'il y a trop de choses à revoir et que l'évaluation est une question très précise. Notons que la rencontre, qui a regroupé la commission et des membres du gouvernement ou leurs représentants, a eu lieu le 30 novembre 2005 à Alger en séance de communication, présidée par la présidente de la commission, en présence de Mme Marie Angélique Savane, membre du Panel des éminentes personnalités du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (Maep) du Nepad. Cette réunion à laquelle a assisté, également, le président du Conseil national économique et social (Cnes), M.Mohamed Seghir Babès, a porté sur le plan de relance quinquennal 2005/2009 et ses incidences sur le projet de programme national au titre du processus d'auto-évaluation. Les auditions des membres du gouvernement interviennent dans la perspective de la «confection du plan d'action qui accompagne le rapport national d'auto-évaluation», avait indiqué la commission. A l'occasion de cette rencontre de deux jours, les 12 ministres ont présenté des rapport sur la situation de leurs secteurs respectifs. Les participants au débat ont insisté, en outre, sur la question d'évaluation et les résultats des investigations de la commission qui ne sont pas encore rendus publics. Une représentante de cette commission a reconnu, en revanche, qu'il y a des insuffisances car, argumente-t-elle, c'est un mécanisme récent.