Les propos, quelque peu triomphalistes d'une adhésion en grande pompe, reflètent plus un état d'esprit qu'une réalité qui a toutes les peines du monde à trouver écho. La demande d'accession de l'Algérie à l'OMC date du 3 juin 1987. Son adhésion souvent programmée et qui semblait imminente vers la fin de l'année 2004, a, à chaque fois, été contrariée par les caprices du calendrier. Il faudra donc attendre encore pour pouvoir rejoindre l'armada des 147 pays membres. Les prévisions du ministre algérien du Commerce, M.El Hachemi Djaâboub, délibérément optimiste quant à une éventuelle adhésion de l'Algérie à l'OMC avant la fin de l'année 2006, ne se sont pas confirmées. Les chances d'y parvenir dans un proche avenir semblent se réduire comme une peau de chagrin. Les propos quelque peu triomphalistes d'une adhésion en grande pompe, «l'année 2006 sera celle de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC», tenus au mois de mai 2006 par El Hachemi Djaâboub, reflète plus un état d'esprit qu'une réalité qui a toutes les peines du monde à trouver écho. L'entrée de l'Algérie au sein de l'OMC est loin de constituer une sinécure. Avec un tissu industriel moribond, une économie productive quasiment inexistante, des recettes en devises hors hydrocarbures qui s'élèvent bon an, mal an, à un milliard de dollars, l'économie algérienne fait piètre figure. La politique de privatisation des entreprises menée par le gouvernement semble infructueuse et les investissements directs nationaux et étrangers s'effectuent au compte-gouttes. Les garanties doivent être sérieuses car les opportunités ne manquent pas. En témoigne le plan de relance économique. Les secteurs porteurs tels que l'agriculture, la pêche ou le tourisme font du surplace. Les pénuries cycliques, à l'instar du marché des fruits et légumes, les spéculations organisées, une administration bureaucratisée, un système bancaire défaillant et obsolète, font qu'il faut se démener comme un diable dans un pays où tout est pratiquement à refaire, réforme de la justice, réforme bancaire, de la Fonction publique, mise à niveau des entreprises...les archaïsmes règnent en maître et mènent de la corruption aux abus de pouvoir. L'Algérie doit soigner son image et donner des garanties autres que sa bonne santé financière due essentiellement à la flambée du marché de l'or noir ainsi qu'à sa position privilégiée d'alliée stratégique de l'Europe du gaz. L'adhésion de l'Algérie était conditionnée par des critères d'«éligibilité» dictés par le Fonds monétaire international (FMI) et la satisfaction de quelque 1200 questions et non des moindres passées par l'OMC, cela a mis d'emblée sur le tapis le problème de la mise à niveau des secteurs productifs agricole, industriel et des services en décrétant toute une batterie de lois et de directives. Il est vrai que depuis, des réformes ont été engagées et la dette réduite à sa plus simple expression (4,7 milliards de dollars dont 4 milliards représentant la dette publique). La suspension du cycle de Doha qui porte sur la libéralisation des échanges commerciaux, au mois de juillet 2006 à Genève, n'arrange en rien les affaires de l'Algérie. Le 10e round des négociations avec l'OMC a été reporté par le groupe chargé de l'étude de son dossier. Alors? Des négociations au point mort et de nouveaux obstacles à franchir pour une adhésion dont la facture pourrait s'avérer salée.