Les Brahimi, Ksentini, Benhabylès, etc. ont fait faux bond; ils auraient souhaité intervenir sur un autre thème. Quel est le rôle que peuvent jouer les Organisations non gouvernementales (ONG) en Algérie? Existent-elles réellement? C'est le genre de questions auxquelles devaient répondre les représentants de la société civile hier au forum d'El Moudjahid. Ceux qui sont censés répondre ne sont pas venus. C'est le cas de le dire pour les avocats Brahimi et Ksentini, ainsi que Saïda Benhabylès, représentante d'une association féministe. On susurre qu'ils ont préféré éviter de courir le risque de se voir entraînés dans des sentiers tortueux de l'affaire Khalifa. Mais d'autres sont venus et se sont exprimés. Khebaba ne va pas par quatre chemins pour remettre en cause l'existence même d'une société civile algérienne. «On les voit apparaître en période électorale ou dans des circonstances bien particulières pour s'évanouir aussitôt dans la nature», dit-il. L'intervenant rappelle les «mouvements de masse» du temps du parti unique, qui n'ont pas pu achever la transition vers la société civile proprement dite. Daoud est, en revanche, représentant d'une association qui milite contre la désertification. Il cite trois objectifs cardinaux: la sensibilisation, l'assistance et la mobilisation, avant de se perdre dans un discours de boisement au Sahara. Il développe des théories doctes de carbone et de trou d'ozone. Il aura fallu de peu pour que le désert devienne le principal thème de la rencontre d'El Moudjahid, quand son contradicteur Bentaleb a tenté de détruire ses thèses écologiques. L'avocat Chorfi a attendu que tout le monde parle pour intervenir. Il met en exergue le «droit d'ingérence» qui anime les ONG internationales, pose la question de leur financement et le rôle néfaste qu'elles ont joué en Algérie pendant la crise. Mais le militant écologiste revient à la charge avec «les puits de carbone» destinés à provoquer l'humidité génératrice des pluies. On aura assisté à un débat qui n'en était pas un. Le dernier intervenant dit avoir quitté le tribunal de Blida où se déroulait le procès Khalifa, en répondant présent au fax qu'il a reçu le jour même de la rencontre, il ne pouvait qu'improviser après avoir écouté les autres et est venu en courant pour parler des ONG. Le thème relatif au rôle des ONG a été à peine effleuré par les participants. L'assistance aura ainsi déduit que le thème des ONG n'emballe personne. Après tout, c'est une invention occidentale. Les ONG sont plus puissantes que les gouvernements dans certains pays. Au nom du droit d'ingérence, elles peuvent reboiser le Sahara et distiller le carbone comme bon leur semble, mais sous d'autres cieux.