Annoncée pour le 25 février en cours, la visite officielle de Mahmoud Ahmadinejad semble être compromise. Serait-ce de nouveau le «divorce» entre Alger et Téhéran? L'annulation, sans la moindre explication convaincante de l'escale du président iranien Mahmoud Ahmadinejad à Alger, le 16 janvier dernier, continue d'alimenter les débats, donnant lieu à des lectures des plus pessimistes. L'incertitude s'installe au point que certaines sources affirment que la visite est carrément compromise. Indésirable à Alger pour les uns et impératifs du calendrier pour d'autres, le mystère entourant l'annulation de la visite du président iranien demeure entier. Alors que l'ambassade d'Iran en Algérie avait invoqué un «malaise» dont aurait été victime le chef de l'Etat Iranien, de retour de sa tournée latino-américaine, d'autres sources au fait des relations algéro-iraniennes n'hésitent pas à mettre en avant des «points de rupture» entre les deux pays. Viendra? Viendra pas? s'interroge-t-on aussi bien à Alger qu'à Téhéran. Une chose est sûre: annoncée pour le 25 février, la visite officielle de Mahmoud Ahmadinejad semble être compromise. Pour cause, à l'exception du «souhait» de l'ambassadeur d'Iran à Alger, M.Hossein Abdi Abyaneh, qui nous a rendu, hier, une visite de courtoisie à l'occasion de la célébration, aujourd'hui, de l'anniversaire de la révolution islamique du 11 février 1979, rien n'a encore filtré sur cette visite. Nous apprenons, également, que la présidence algérienne n'aurait pas encore donné son accord à la date proposée par les Iraniens, à savoir la fin du mois en cours. Il convient de rappeler que l'agence officielle iranienne d'information, Irna, qui a révélé l'information de la visite, en février, du président iranien, a publié un extrait de la lettre envoyée par ce dernier à son homologue algérien, M.Abdelaziz Bouteflika, dans laquelle il lui exprime clairement son souhait de se rendre à Alger. «J'espère avoir l'honneur de visiter votre pays, le mois prochain, afin d'approfondir le dialogue entre les deux pays respectifs dans le but de renforcer les relations bilatérales et d'accroître le partenariat dans les questions d'intérêt commun», lit-on dans ce document. Dans le même message, c'est plutôt une autre version que celle avancée par l'ambassade d'Iran à Alger qui sera mise en avant par Ahmadinejad lui même pour justifier le report de sa visite. «J'ai le regret de vous informer que cette annulation a été imposée par l'urgence de retourner en Iran afin d'assister au débat relatif à l'examen de la loi de finances.» En effet, le président iranien faisait face à une grogne interne. Quelque 150 membres du Parlement avaient signé une lettre appelant le gouvernement à revoir son projet de loi de finances pour l'an prochain. Qu'est-ce qui justifierait, donc, ces versions contradictoires quant au report de la visite d'Ahmadinejad? Serait-ce lié à un simple problème d'organisation ou à des divergences de fond entre les deux capitales? Toutes les hypothèses sont possibles. Cependant, les déclarations faites par l'ambassadeur d'Iran en Algérie, lors de sa visite à notre rédaction, privilégient plutôt la deuxième piste. Ce dernier citera deux faits qui élargiraient davantage le fossé entre les deux capitales. Il affirmera, en effet, qu'un opposant iranien aurait obtenu un visa d'entrée en Algérie. Il s'interrogera, à ce titre, comment l'ambassade d'Algérie à Téhéran a accepté d'accorder le visa au dit opposant. Une question s'impose: en accordant ce visa, les responsables du consulat d'Algérie à Téhéran étaient-ils suffisamment informés sur l'identité de l'opposant en question? Ce n'est pas tout, puisque l'ambassadeur d'Iran affirme que la télévision algérienne a censuré l'interview qu'il lui avait accordée récemment. «Ils n'ont, non seulement, gardé que la moitié de l'entretien, mais surtout ils ont utilisé mes propos dans un contexte inapproprié», souligne M.Hossein Abdi Abyaneh. A la lumière de ces déclarations, il est permis de considérer que le report de la visite du président iranien et l'incertitude qui l'entoure loin d'être tributaires de considérations d'ordre protocolaire. Comme ce fut le cas au début de la décennie 1990, où Téhéran affichait publiquement son soutien à l'ex-FIS, un coup de blizzard semble s'être emparé de nouveau des deux capitales.