«Cette évidence sera confirmée dans les prochains mois si la tendance haussière des prix de la matière première persiste». La sonnette d'alarme est, encore une fois, tirée par les industriels de la filière lait. Et c'est autour de la Fédération nationale des travailleurs des industries agroalimentaires affiliée à l'Ugta d'interpeller les pouvoirs publics sur la situation que traverse la filière. «La fédération s'inquiète de la situation particulièrement critique liée à une hausse drastique des prix de la matière première sur le marché international en raison d'une restriction de l'offre», lit-on dans un communiqué de la fédération, parvenu hier, à notre rédaction. Si cette hausse des prix n'est pas jugulée à travers une stratégie de soutien par l'Etat au gré d'actions de subvention, elle entraîne, inéluctablement, l'effondrement de l'ensemble du tissu industriel autour de la filière, prévient la fédération. Elle suggère, entre autres, la facilitation de l'accès du groupe Giplait à la Badr pour le financement des importations de poudre de lait pour faire face à cette situation. La production de lait pasteurisé qui constitue 90% de l'activité des laiteries est tributaire des importations de la poudre sachant que le lait de vache collecté ne représente qu'un taux d'intégration de 30%, font savoir les rédacteurs du communiqué. «Dans un tel contexte, ajoutent-ils, les filiales du groupe Giplait sont exposées à des déficits significatifs sans palliatifs possibles». «Cette évidence sera assurément confirmée dans les prochains mois si la tendance haussière persistait», s'inquiète la fédération. Afin de sauver la filière, la fédération interpelle les pouvoirs publics pour intervenir afin de traiter, dans l'immédiat, les dysfonctionnements énumérés. Il faut souligner que le même constat a été fait par la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire, filière lait de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa). «Si aucune solution n'est proposée par l'Etat, plusieurs producteurs nationaux seront amenés à mettre la clé sous le paillasson». Ainsi, c'est toute la filière lait qui est menacée de disparition en Algérie, avait affirmé à L'Expression, M.Ziani, président de la fédération. «Cette filière souffre aujourd'hui des prix dépassés, administrés par l'Etat», selon lui qui ajoute que certains producteurs ont carrément cessé l'activité. Pour M.Ziani, il est impératif d'arrêter une stratégie pour apporter des solutions dans le cadre d'une concertation. De son côté, le ministère du Commerce ne cesse de rassurer que le prix du lait en sachet est réglementé à 25DA au niveau de la vente au détail et il n'est pas question qu'il soit augmenté. En Algérie, le besoin national de la consommation de lait est estimé à quelque 3 milliards de litres par an. Cette consommation devrait atteindre au moins 115 l par habitant et par an en 2010. La production nationale de lait oscille, quant à elle, entre 100 et 110 millions de litres annuellement, ce qui représente un taux très faible par rapport aux besoins exprimés par la population. A noter que la facture globale des importations en produits laitiers a évolué à la hausse, passant de 426 millions USD en 1999 à 742 millions USD en 2005.