La plupart des Assemblées élues du pays sont contestées par les citoyens et les politiques, mais ce sont les mairies, particulièrement celles sous l'administration de la wilaya d'Alger, qui font le plus souvent l'objet de sanctions. Détournement de fonds publics, agression de citoyens, abus de pouvoir, trafic d'influence et surtout mauvaise gestion de la commune sont le lot quotidien des ces maires dont certains sont derrière les barreaux. Selon certains chiffres, 150 élus locaux ont été arrêtés durant l'année 2001 sur l'ensemble de 15 wilayas dont trois dans la wilaya d'Alger. Considéré comme des mairies sensibles, en raison de leur forte population et des enjeux financiers qu'elles peuvent représenter, les APC de la wilaya d'Alger ont toujours fait l'objet d'enquêtes de l'IGF et des services de la wilaya d'Alger, afin de veiller que les enveloppes budgétaires allouées aux communes dans le cadre du programme de relance économique lancé par Bouteflika ne soient pas détournées de leur objectif. Ainsi, pour faire face à cette faillite dans le système de gestion des communes, le wali d'Alger, M.Abdelmalek Nourani, a procédé au limogeage de plusieurs présidents d'APC et plus particulièrement depuis les inondations catastrophiques du 10 novembre. C'est ainsi, que le président de l'APC de Bab El-Oued, M.Belamane, déjà très contesté dans sa commune, a été écarté et remplacé par son vice président M.Ben Amar, qui, à ce jour, n'a pas été installé officiellement au poste, mais garde la place d'intérimaire. Récemment, c'est au tour du maire de Belouizdad, M.Ali Ferrah, d'être écarté par le wali d'Alger, pour mauvaise gestion. D'autres présidents ont été suspendus par le wali pour détournement. C'est le cas notamment du maire de Staouéli, alors que celui de Kheraïssya et de Ouled Fayet ont été suspendus pour agression sur des citoyens. Ce n'est pas la première fois qu'un maire fait l'objet d'une sanction et même d'un emprisonnement, d'autres ont eu à subir le revers difficile de la médaille, tel Rabah Djenki, le président de l'APC de Birkhadem, qui est toujours en prison pour détournement. Mais ce maire, considéré comme un enfant de cette commune, a payé surtout pour son soutien à un ancien haut responsable de l'Etat, depuis, déchu. Car ce qui n'apparaît pas dans les rapports de la brigade financière de la police et de l'IGF, c'est la coloration politique de ces maires dont la plupart sont victimes. Une identité politique qui joue un rôle important dans le paysage de la commune surtout en ces moments de campagne électorale. Les APC les plus visées sont les mairies RND accusées, par des partis rivaux, de fraude électorale et de vouloir préparer le terrain pour leurs élus lors des prochaines élections De nombreux maires RND ont d'ailleurs fait l'objet d'enquêtes diligentées par les services de l'administration de la wilaya, ce qui va pousser sûrement Nourani à en changer certains susceptibles d'être d'éventuels fraudeurs surtout que le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, s'est fixé comme objectif l'assainissement des mairies pour garantir une élection législative régulière et honnête. Mais cette opération d'assainissement des communes d'Alger n'inquiète pas outre mesure certains maires qui gèrent bien leurs communes et qui n'ont pas peur d'une éventuelle visite de l'IGF. Une situation qui a poussé d'autres présidents d'APC, beaucoup plus conscients des difficultés de la gestion communale, à choisir le chemin sécurisant de la politique, réussissant même à gagner d'autres galons de responsable, notamment au Conseil de la nation et dans son parti. C'est le cas notamment de Chihab Seddik, l'ex-maire de Kouba qui, après avoir bien géré sa commune, a laissé sa place propre à une présidente d'APC aussi compétente que Mme Ben Sahnoun. Au-delà des problèmes que rencontrent les mairies, notamment dans le financement des principaux projets de leur localité et surtout pour faire face à l'évasion fiscale qui fait perdre énormément d'argent à la commune, les APC sont aujourd'hui entre le marteau et l'enclume, entre la colère des citoyens et la menace de l'administration, ce qui peut conduire certains élus locaux à penser déjà à leur retraite ou à leur recyclage.