L'ex-ministre de l'Habitat s'était présenté en qualité de témoin pour donner des explications sur le dépôt de l'argent des Opgi. Après l'audition de Sidi-Saïd et Boudjerra Soltani sur le dépôt de l'argent des caisses sociale et de retraite au niveau de la défunte banque privée, voici venu le tour, tout aussi attendu, de M.Tebboune, ancien ministre de l'Habitat hier, au tribunal de Blida pour donner des explications sur le dépôt de l'argent des différentes Opgi au niveau d'El Khalifa Bank. A en croire certaines sources, le montant des dépôts des Opgi au niveau d'El Khalifa Bank dépasse les 1900 milliards de centimes. L'ex-ministre de l'Habitat, M.Tebboune s'était donc présenté comme prévu en qualité de témoin pour donner des explications sur le dépôt de l'argent des Opgi au niveau de la banque Khalifa. D'emblée, la juge lui demanda s'il était au courant des opérations de dépôt de l'argent effectuées par plusieurs Offices de promotion et de gestion immobilières au niveau de la défunte banque privée alors qu'il était ministre de l'Habitat. Le témoin répondra par la négation. Cette réponse n'a pas laissé indifférente la présidente de la cour en lui reprochant cette attitude du moment où les bilans mensuels, semestriels et annuels des différents Opgi devaient atterrir sur son bureau et avec cela, il pouvait être informé sur la destinée de leur argent. A l'aise, il répondra: «Ecoutez, Madame, ces bilans étaient destinés à des directions qui se chargeaient de cela au niveau du ministère. Pour moi et en tant que ministre, les informations qui devaient me parvenir étaient relatives à un dysfonctionnement d'un office ou une alerte donnée par les services de sécurité.» Abordant la fameuse correspondance adressée par ses services vers les différents Opgi du pays et à travers laquelle les différents directeurs de ces offices, accusés ou témoins qui ont été auditionnés par la juge, ont avoué que les dépôts de l'argent des Opgi au niveau de la banque Khalifa s'étaient concrétisés à la suite de cette correspondance, le témoin reconnut, certes, cet avis. Toutefois, il dira qu'elle a été mal interprétée. «A travers cette correspondance, j'avais utilisé le verbe «fructifier» l'argent des Opgi dans le sens des investissements et des projets en créant de l'emploi et non vers le recours au dépôt dans la banque Khalifa. D'ailleurs, je garde des coupures de presse de l'époque qui reprennent mes déclaration où il était mentionné ‘‘construisez, investissez''.... Le représentant du ministère public ira à une question simple mais pertinente en demandant des explications sur ses rencontres avec Abdelmoumen Khalifa. M.Tebboune avouera que l'ex- président-directeur général du groupe Khalifa était venu le voir afin d'avoir un agrément en vue de créer une entreprise de construction. Néanmoins, il dira qu'il ne lui avait pas donné le feu vert par manque de moyens. Le témoin reconnaîtra, devant le tribunal, avoir rencontré en tout cinq fois Abdelmoumen Khalifa, à la suite d'occasions officielles et non officielles, notamment lorsqu'il était dans le département des collectivités locales. Faisant preuve de curiosité poussée, le procureur général voulut avoir des précisions concernant les rencontres non officielles et s'il était allé voir Abdelmoumen chez lui. «Cela ne figure pas dans l'instruction et je m'abstiens de donner une réponse», rétorqua-t-il. En voulant le «coincer» davantage, la juge lui lança la remarque suivante: «Et comme par hasard, le nombre des Opgi qui avaient déposé leur argent au niveau de la Banque Khalifa avait vite augmenté lorsque vous étiez en poste. A titre d'exemple, avant votre arrivée au ministère de l'Habitat, les Opgi concernés étaient au nombre de trois seulement. Une année après, le nombre est passé à 15. Toutefois, lorsque vous étiez en poste de juin 2001 à juin 2002, ce nombre avait frôlé celui de 42 Opgi. Quel est votre commentaire?» Il dira que cela était un hasard et qu'il n'avait jamais entretenu une relation avec Abdelmoumen dans ce sens. Mme Brahimi voulut savoir aussi quel était le montant des dépôts lorsque Tebboune était ministre. Ce dernier avança le chiffre de 10 milliards de dinars en voulant faire croire à la juge que ce montant ressemblait au montant des dépôts à l'époque de son prédécesseur. A ce moment, le procureur général intervint pour dire que ce montant était beaucoup plus important que celui avancé par le témoin. Ce fut ensuite le tour de Mohand-Chérif Hannachi, président de la JSK, de venir témoigner au sujet de l'opération de sponsoring dont avait bénéficié son club. Il précisera que c'est par le biais de Mokadem Tahar, directeur des sports du groupe Khalifa, qu'il avait connu Abdelmoumen Khalifa. C'était l'année 2001. Et, à la faveur de la proposition de sponsoring qui lui avait été faite, une convention avait été signée entre les deux parties durant la même année. «Je n'ai pas le montant exact en tête, mais je crois que ça tournait autour des trois milliards de centimes. Cet argent nous servait à payer le salaire et les primes des joueurs et des entraîneurs», précisera le boss kabyle, ajoutant qu'en guise de récompense pour le succès de l'équipe en Coupe d'Afrique des clubs champions, 25 voitures de type 307 ont été offertes par le patron du groupe aux joueurs. Au sujet de la convention de sponsoring, Hannachi dira qu'elle avait été signée du côté Khalifa par Djamel Guelimi. Se tournant vers ce dernier, la juge lui rappela que lors de son passage à la barre, il avait soutenu qu'il n'avait signé de convention qu'en faveur du Mouloudia d'Alger. Le montant des véhicules est estimé à 28 millions de dinars, déclara Hannachi. Questionné sur le sponsoring de l'équipe de Marseille, il reconnaîtra qu'il avait été invité au rendez-vous de la signature de la convention en présence d'une cinquantaine de journalistes auxquels Khalifa Abdelmoumen avait établi les visas d'entrée à l'aéroport de Roissy même. Il dira qu'il n'était pas au courant de sa convocation devant le tribunal et qu'il n'avait su cela qu'à travers la presse lui aussi.