Au 32e jour d'audience, le procès de la caisse principale d'El-Khalifa Bank a été marqué par l'audition, en qualité de témoin, de M. Abdelmadjid Tebboune, ancien ministre de l'Habitat, poste qu'il a occupé durant une année, entre juin 2001 et juin 2002. La présidente de l'audience, Mme Fatiha Brahimi, lui demandera quelle était sa position sur les dires des différents DG des OPGI sur les instructions qui leur ont été données par le ministère de tutelle concernant les dépôts à El Khalifa-Bank. "Je le dis et je le répète, il y avait un dépôt avant mon arrivé en Août 1999 et le dernier dépôt a été effectué après mon départ en 2003", a rétorqué le témoin. La magistrate lui demande si les OPGI avait le droit d'effectuer des dépôts dans une banque privée sans informer la tutelle. "Mais bien entendu Mme la présidente, ils avaient la liberté totale", répondra-t-il. Est-ce que les OPGI avaient le droit de le faire sans l'avis du conseil d'administration, précise-t-elle. "Ils n'ont qu'à assumer leurs actes", indiquera M. Tebboune. L'ex-ministre de l'Habitat ajoute également qu'il faisait des réunions trimestrielles et "je donnais pas mal de consignes aux DG des OPGI ; j'étais clair là-dessus, j'était contre leurs dépôts et qu'ils vivent des intérêts comme des retraités". Mme Brahimi l'interrogera par la suite sur le montant des placements gelés. "Je tiens à préciser que je recevais des étrangers et je trouvais insensé de leur demander d'investir dans la construction alors les différents OPGI avaient de l'argent gelé dans une banque". Et d'ajouter : "je nie catégoriquement avoir donné des instructions pour le dépôt des fonds des OPGI à El-Khalifa Bank Mme la présidente", dit-il. M. Tebboune poursuivra en indiquant qu'il "y avait un montant de 28 milliard de DA qui pouvait être investi dans l'habitat". La magistrate lui demande par la suite si le ministère pouvait savoir en tant que spécialiste, d'après les écritures comptables, le montant déposé et les intérêts de la somme déposée. "Tout est relatif mais on a su que le directeur de l'OPGI d'Oran a fait un placement en février 2001 de l'ordre de 42 milliards de centimes", répondra-t-il. La juge lui demandera s'il a dit aux DG des OPGI de fructifier leur argent. "Non, je leur a demandé d'investir", dira-t-il. C'est ainsi que la présidente de l'audience précise que les dépôts sont la façon la plus simple d'investir. De son côté, le procureur général demande au témoin si le ministère a fait une analyse sur l'état de santé d'El- Khalifa Bank avant de déposer des fonds. "Ce n'est pas notre travail", rétorque Tebboune. Le procureur poursuit son interrogatoire en demandant à l'ex-ministre de l'Habitat si Moumen lui a demandé de lui donner l'agrément pour la création de son entreprise Khalifa Construction. "Il m'a demandé cela de façon verbale au cours d'une cérémonie officielle et je ne lui ait jamais donné l'agrément", dira le témoin. Le procureur persistera sur ce point en lui demandant s'il avait un rapport privilégié avec Moumen Khalifa et combien de fois a-t-il rencontré ce dernier et en quelle occasion. "Je ne vois pas de rapport avec l'affaire mais je vais vous répondre, Moumen n'était pas mon ami et je l'ai vu 5 à6 fois dans des occasions non officielles". D'un autre côté, la présidente prendra le relais rappelant des chiffres au témoin. Elle indiquera qu'"en 1999 il y avait 3 OPGI qui ont déposé à El-Khalifa Bank (Hussein Dey, Dar El Beïda et Béjaïa), en 2000 15 OPGI, et en 2001 42 OPGI. Autrement dit, la plupart des dépôts on été effectué durant votre période. Comment expliquez-vous cela M. le ministre ?". "Je n'ai jamais donné d'instruction pour ces placements", insistera Tebboune avant d'ajouter "je ne les ai pas encouragés et 10 milliard de dinars ont été déposés avant mon arrivée à ce poste que j'ai occupé seulement une année". Par la suite, M. Hannachi Mohand Cherif, président de la JSK a été appelé à la barre des témoins. Ce dernier dira que c'est "M. Mokadem qui m'a présenté Rafik Khalifa et puis par la suite on a signé un contrat de sponsoring". Mme Brahimi lui demandera quel était le rôle de Moumen mis à part le sponsoring. Hannachi dira que Rafik Khalifa est intervenu pour réconcilier la JSK avec l'USMA. Sur ce, la magistrate le relancera en l'interrogeant sur le montant du contrat de sponsoring et sur les salaires des joueurs. "Presque 3 milliard de centimes par an et les joueurs touchaient 40 000 dinars", répond-il. La magistrate lui demande si le club a bénéficié de quelques avantages. Il souligne à cet effet que "les joueurs ont bénéficié de 25 véhicules de marque Peugeot 307 quand on a remporté la coupe de la CAF pour la 2e fois". "Est-ce que vous avez bénéficié personnellement d'un crédit ?", continuera la juge. "Oui, 2 milliards et 800 millions de centimes que j'ai d'ailleurs remboursé". Le témoin évoquera ensuite la soirée organisée à Cannes pour le lancement de KTV. Mohand Cherif Hannachi dira qu'"on est parti dans l'avion de Moumen avec 50 journalistes qui ont eu un visa sur place pour ce déplacement. Je n'avais de toute façon pas besoin de visa, j'avais la résidence", rétorqua le témoin. La présidente de l'audience lui demandera s'il a pris une enveloppe qui contenait des devises en guise de cadeau lors de cette cérémonie. "Non, si je l'avais fait j'aurai donné une mauvaise image de mon club", répond le témoin. Mme Brahimi le relance : "Est ce que vous avez loué un immeuble à El Khalifa Bank ?" "Oui, Mme la présidente, j'ai loué le rez-de-chaussée pour 24 000DA par mois qui ont été versés sur mon compte à El Khalifa Bank de Tizi Ouzou", dira le témoin.