Pour les avocats, «il y a bien eu transactions commerciales ayant connu une faillite». La partie civile n'a pas été indulgente dans sa plaidoirie, hier. Dès le départ elle s'est lancée pour démontrer que le préjudice subi par la BEA a été causé par le biais des traites avalisées par la Bcia et des chèques frauduleusement certifiés par 1a BEA. La partie civile citera le cas d'Addou Samir de la Sotrapla, qui a dépassé l'autorisation de sa ligne de crédit de 600%. Ce dernier, à lui seul, a émis 50 chèques de 5 millions de dinars. Revenant rétrospectivement, en 2000, pour situer la responsabilité de la Bcia, le patron de cette dernière, Kharoubi Mohamed, a été suspendu par la Banque d'Algérie pour une année. Sanction assortie d'une amende de 5 millions de dinars pour avoir émis des bons de caisse «bidon», selon la partie civile. C'étaient les premières tentatives d'escroquerie initiées par la Bcia. Sauf que les véritables tentacules de la défunte banque privée se sont étendues à la BEA. Ce fait ne pourrait avoir lieu sans la complicité des responsables des deux agences victimes. Faisant référence, dans ce chapitre, au rôle de l'ex-directeur de l'agence de Medioni, Adda Larbi et les deux agents de la BEA de Sig, à savoir Benyettou et Bentayeb. Préjudice défini, au premier coup, par l'expert à 13,2 milliards de dinars. Sauf que Me Ben Bellal, de la partie civile, a déclaré exclusivement à notre rédaction que ce préjudice a atteint, à l'heure qu'il est, plus de 17,2 milliards de dinars. «Ce chiffre n'est que provisoire pour le moment. L'affaire est appelée donc à connaître d'autres développements et rebondissements au vu de la découverte par des commissions bancaires, en 2004, d'un autre lot de traites avalisées et chèques certifiés dans un tiroir de l'agence de Sig (Mascara) qui n'ont pas été remis aux concernés.» En un laps de temps (2003), 45 traites ont été avalisées et escomptées au niveau des deux agences au profit de ce dernier. Idem pour Sahraoui qui a profité des avances sur titre de l'ordre de 95 milliards de centimes, sans contrepartie. En revanche, le système mis en place a été fructueux. Quant au rôle des responsables de la BEA, que ce soit à Sig (Mascara) ou à Medioni (Oran), il a été déterminant dans l'affaire. La prudence des responsables des deux agences devait être de mise. Alors, c'est le contraire qui s'est produit, du fait que des chèques étaient frauduleusement certifiés et des traites de sommes colossales s'escomptaient sans qu'ils (chèques et traites) ne soient accompagnés de factures, ni de garantie, ni encore d'hypothèques. La partie civile a voulu conclure dans sa plaidoirie à une volonté délibérée de soustraire de la BEA des liquidités avant de trancher, en excluant le concept «transactions commerciales». Car s'il y a bien eu transactions commerciales ayant connu une faillite, les intervenants devaient assumer leurs responsabilités. Alors que c'est le contraire qui s'est produit au vu des déclarations accablantes des témoins, de certains mis en cause, impliqués d'une manière directe ou indirecte. Et le rapport de l'expertise confirme qu'il y a eu escroquerie et dilapidation des deniers publics, auxquelles s'est référée la partie civile. A noter, qu'avant le réquisitoire, le liquidateur de la BCIA a décidé de se constituer partie civile.