Le pilote algérien avait été accusé injustement d'avoir entraîné les kamikazes des attentats du 11 septembre 2001. Le ministre de la justice, Jacques Straw, devra annoncer tout prochainement si le gouvernement britannique accepte de demander pardon à Lotfi Raïssi et de lui offrir une compensation, suite à son arrestation et à son inculpation arbitraire dans les attentats du 11 septembre 2001. En février 2008, la Haute Cour britannique prononçait un jugement en faveur du pilote algérien, appuyant sa demande pour des excuses et une réparation. Cette juridiction avait montré de quelle manière les services de sécurité ont contourné la loi pour garder Lotfi Raïssi en prison. Celui-ci avait été arrêté quelques jours après les attaques kamikazes. Agissant sur demande de leurs collègues du FBI, des agents de Scotland Yard lui avaient mis les menottes aux poignets, au cours d'un raid à son domicile. Âgé de 27 ans au moment des faits, Raïssi avait été inculpé sans preuves et détenu dans la prison de haute sécurité de Belmarch pendant six mois, dans la perspective de son extradition vers les Etats-Unis. Le pilote sera poignardé deux fois, pendant son incarcération. En 2002, un juge anglais le libérait, estimant que rien ne justifie son transfert aux USA. Le FBI avait monté le dossier Raïssi, sur la base de recoupements invraisemblables. Le pilote sera mêlé aux attentats, pour avoir fréquenté à une période quasi identique, le même centre d'entraînement en Arizona que Hani Hanjour, un des kamikazes, qui avait ciblé le Pentagone. Pour donner du crédit à leurs allégations, les américains produisent une vidéo de Raïssi avec un autre homme que le FBI identifie comme Hani Hanjour. En fait, l'individu en question n'est autre que le cousin du pilote algérien. À la cour, le procureur qui accuse Raïssi d'être l'instructeur des kamikazes, évoque l'existence d'enregistrements de communications téléphoniques compromettantes. Mais il sera incapable de les produire devant le tribunal. Dans leur détermination à charger Raïssi, les services de sécurité britanniques et américains créeront une nouvelle fausse preuve. Il s'agit d'un carnet d'adresses trouvé, au cours d'un raid policier, dans l'appartement d'un Algérien à Islington, au nord de Londres, mais que les enquêteurs décrivent comme appartenant à Abu Doha, un adjoint de Ben laden. Sur l'agenda figure l'adresse d'un domicile que Raïssi a occupé durant son séjour en Arizona. Après investigations, il s'est avéré que le carnet n'appartient pas à Abu Doha, mais à un certain Abdelkarim Kermani, un ancien boxeur d'origine algérienne qui fréquentait la mosquée de Finsbury Park. Du coup, la justice anglaise perd toute raison de garder le pilote algérien en prison. Sept ans après sa remise en liberté, Raïssi estime avoir été arrêté et inculpé, tout simplement parce qu'il présentait le profil du suspect idéal. “Je suis un musulman, algérien et pilote instructeur. Il n'y a rien d'autre”, observe-t-il. Après avoir été disculpé par la justice, il attend d'être réhabilité par les autorités du Royaume-Uni. “Je n'ai pas vraiment confiance dans les politiciens britanniques. Il appartient à Jack Straw de me prouver le contraire”, a-t-il confié, il y a quelques jours au quotidien The Guardian.