La wilaya est particulièrement ciblée, depuis le début de l'année 2007, par les pilleurs spécialisés. Mais quelle malédiction frappe, donc, ainsi le patrimoine archéologique algérien? A chaque jour suffit sa peine, devrait-on dire. Il ne se passe pas deux semaines où une affaire de pillage ou de trafic de matériel archéologique ne soit mise à jour, grâce, il faut le reconnaître, aux services de la Gendarmerie nationale et des Douanes ainsi que des efforts conjugués entre les différents corps de sécurité chargés de la surveillance du territoire. 230 pièces archéologiques de l'époque romaine ont été récupérées par les éléments de la brigade de la Gendarmerie nationale de Aïn Kercha dans la région de Collo, wilaya de Skikda. C'est en vertu d'un mandat de perquisition, délivré le 21 février par le procureur de la République près le tribunal de Tamalous, que les gendarmes de cette unité sont tombés nez à nez sur 115 pièces archéologiques au domicile du dénommé D.A., 40 ans, interpellé le 10 février 2007 par les services de la gendarmerie de Aïn Kercha, sur la base de renseignements. Ce dernier fut arrêté en possession d'un butin constitué de 115 pièces archéologiques, résultat d'un pillage effectué dans la zone de Hadjar Mahrouche. La wilaya de Skikda est particulièrement ciblée depuis le début de l'année 2007 par les pilleurs spécialisés dans le matériel archéologique. La saisie de plusieurs pièces de monnaie anciennes au mois de janvier a permis à la Direction de la culture de Skikda de récupérer un trésor d'une valeur inestimable. Et pour ne citer que les affaires récentes, on peut affirmer que la moisson des saisies opérées par les services de la gendarmerie et des Douanes de la wilaya de Tamanrasset a été fort fructueuse, mais elle témoigne, néanmoins, de défaillances notoires en ce qui concerne le domaine de la préservation, de la valorisation et de la protection du patrimoine. 250 pièces archéologiques destinées au marché d'un trafic international fort juteux et lucratif, bénéficiant de complicités et d'un laisser-aller qui n'est plus à démontrer, ont été récupérées par les services des Douanes de l'aéroport Aguenar de Tamanrasset, durant le mois de janvier de l'année en cours. Les touristes étrangers ne sont pas non plus à l'abri de telles tentations. Pour repartir avec un «souvenir» de ces lieux majestueux qu'offre le Sahara, qu'ils veulent sans aucun doute garder en mémoire, ils se servent, tout en mutilant une partie de ces territoires de ce chaînon manquant, indispensable à la compréhension de ces lieux, jadis habités, et qui permet, par conséquent, de reconstituer un pan de l'histoire de l'humanité. 3200 pièces archéologiques ont été récupérées sur des visiteurs du Parc de l'Ahaggar (Opna), dans la wilaya de Tamanrasset, par les services de la brigade régionale spécialisée dans la préservation du patrimoine. Et toujours durant ce premier mois de l'année, le musée Djebrine (guide d'Henri Lhote qui a fait connaître les peintures rupestres du Tassili) dans le village d'In Abarbar de la ville de Djanet (wilaya d'Illizi), a été délesté d'un matériel lithique composé de 98 pièces (bifaces, pointes de flèches, hachereaux...). Le Parc national du Tassili, dont la majorité du personnel est constituée de gardiens, n'a pu faire face à cette agression quand il se plaint de ne pouvoir assurer la protection d'un territoire de 80.000km²...faute de moyens. Manque de moyens? Mais où passent donc les budgets alloués aux Parcs nationaux algériens (Opna, Opnt) ainsi que les 4x4 flambant neufs généreusement offerts par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), destinés aux brigades chargées de la protection des parcs, devenus des véhicules à usage personnel. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ces deux offices (Opnt, Opna) n'ont jamais procédé à l'arrestation, par leurs propres services depuis leur création, à l'arrestation d'un quelconque touriste (Algérien ou étranger) en train de piller un matériel lithique autrefois foisonnant et qui meublait à même le sol les sites qui témoignent d'une activité de l'industrie lithique attestée, que ce soit en Ahaggar ou au Tassili. Cooptés, protégés en haut lieu, les responsables de ces offices ne songent qu'aux privilèges que leur offrent leurs postes.