La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a indiqué qu'en formulant un aveu d'échec des «réformes économiques», notamment de la politique de privatisation et de partenariat, et l'hémorragie financière au profit des pseudo investisseurs étrangers et des spéculateurs, «le président de la République a mis le doigt sur le fond du problème dont souffre le pays depuis 1993 et qui a réduit à néant les efforts de développement national et local». A la clôture d'une rencontre régionale des militants du Centre, Mme Hanoune a, lors d'une conférence de presse tenue hier en son siège national à El Harrach, relevé que cette réunion se tient dans une conjoncture politique différente, marquée par des «frémissements» au sujet de la remise en cause de la politique des privatisations, même si, dit-elle, cela s'est accompagné de quelques mesures comme la taxe sur l'achat des véhicules, que «rien ne justifie» d'après elle, mais, aussi, la mesure du chef de l'Exécutif d'ouvrir le secteur de la distribution des hydrocarbures aux multinationales. A ce sujet, elle devait s'interroger : «Pourquoi le gouvernement ouvre le secteur de la distribution des produits pétroliers aujourd'hui ? A-t-on besoin d'argent ?» La secrétaire générale du PT s'est dit «rassérénée» car, selon elle, «les frémissements du Conseil des ministres constituent l'amorce d'un sursaut national», et qu'«il y a plus de clarté sur l'option de l'économie du pays». Elle estime qu'«il y a au sommet de la pyramide de l'Etat une volonté de diagnostiquer le mal différente de l'ancien diagnostic qui faisait l'amalgame entre l'économie de marché et l'économie de comprador». Dimanche dernier, le secrétariat politique du parti a d'ailleurs estimé que «les déclarations du président de la République sont d'une extrême importance et nécessitent des mesures urgentes», à commencer par «le retrait de la nouvelle loi domaniale qui expose au risque tous les biens de l'Etat, en les livrant au pillage étranger, ainsi que la loi d'orientation agricole qui ouvre la porte aux petits-fils des colons, à l'indigénat et à l'expropriation du peuple algérien». Louisa Hanoune, qui prend acte du discours du président de la République, émet toutefois le souhait qu'il ne reste pas au stade des déclarations d'intention, mais suivi de mesures afin de remédier à la situation sociale qui reste empreinte de maux ayant pour noms banditisme, harga, rapt, etc. Mme Hanoune a souligné que «l'Algérie est devant le défi d'opérer une rupture avec les politiques de bradage des richesses nationales», suggérant que le premier acte à accomplir par l'Etat consiste en le retrait de la loi domaniale. Elle a demandé en outre le retrait de la décision d'ouverture du secteur des hydrocarbures, plaidé pour l'ouverture des 1 500 entreprises nationales fermées et celle d'un débat national au sujet du bilan des privatisations, le gel des CPE et SGP, dont les prérogatives dépassent celles de l'Etat, ainsi que la renationalisation d'El Hadjar (est de l'Algérie), des usines de l'ENAD et de l'agroalimentaire. Fort de ces positions, le PT, qui est en position de minorité au Parlement, décide de s'en remettre au peuple, en direction duquel il a lancé une campagne nationale, et compte interpeller l'UGTA mais aussi toutes les forces politiques quelles que soient leurs positions antérieures. La finalité étant d'inciter le président de la République à prendre des mesures hardies. Louisa Hanoune a, en abordant la rencontre des responsables des wilayas du Centre, après celles tenues à Annaba, Sétif et Tlemcen, indiqué qu'elle s'est avérée une nécessité, en ce sens qu'elle a permis de démontrer une avancée dans la campagne de récolte des signatures pour le retrait de la loi domaniale qui dépasse une moyenne de 1 000 signatures par wilaya. A. R.