Divorce, promiscuité, inceste et violence conjugale sont parmi les causes de ce drame social. Ils sont âgés de 9 à 18 ans. Ils vivent dans la rue. Dorment à même le trottoir, sur un carton ou dans les jardins publics. Les plus chanceux ont une cage d'escalier ou une baraque de fortune. Ou peut-être une tente. Rien de plus. Mais est-ce vraiment la place d'un enfant de dix ans, d'être dans la rue? Demain doit s'ouvrir, à Alger, un séminaire de formation sur «La problématique des enfants de la rue» avec la participation de spécialistes chargés de la prise en charge de cette frange de la population, a annoncé un communiqué du ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale. Un séminaire de deux jours, qui permettra, a indiqué Mme Saïda Bouneb, directrice du Centre national de formation des personnels spécialisés du ministère, de faire un état des lieux sur la situation des enfants de la rue et «définir les facteurs de ce phénomène». L'autre objectif du séminaire, selon la même responsable, citée par l'APS, vise à mettre en place des actions et mécanismes de la prise en charge des enfants. Car ces enfants sont exposés aux multiples risques de la vie. Cette formation est destinée aux professionnels et spécialistes qui prennent en charge les enfants en difficulté, à savoir les centres spécialisés de rééducation et des services d'observation et d'éducation en milieu ouvert. Des psychologues, directeurs spécialisés et assistantes sociales, ainsi que des directeurs régionaux de l'Agence du développement social (ADS) et de l'Action sociale des différentes wilayas prendront part aux travaux. Par ailleurs, il est bon de savoir que cette rencontre s'inscrit dans le cadre d'un programme de coopération entre Alger et la région Paca (France), qui apporte son appui technique dans la prise en charge des enfants de la rue. En fait, ils sont plus nombreux qu'on ne le pense. On les croise tous les jours mais on ne fait pas attention à eux. Certains font de menus travaux pour vivre, d'autres sont obligés de voler, et malheureusement une infime minorité (2% semble-t-il) d'entre eux est obligée de se prostituer. Une enquête avait révélé qu'un enfant sur deux présente des dermatoses et souffre de problèmes respiratoires. Une bonne partie d'entre eux consomme des psychotropes (colle, diluant). Cela se passe en Algérie, un pays indépendant, incapable d'assurer une vie décente à des milliers d'enfants jetés à la rue pour cause de problèmes sociaux et familiaux. Les lois sont ainsi faites qu'un homme a le droit de se remarier en jetant à la rue sa première femme. Les enfants, soumis aux humiliations de la marâtre, suivent le chemin de la maman. Sans vouloir revenir au débat sur le code de la famille, qui a déjà fait couler beaucoup d'encre, on peut tout de même regretter que la loi fasse une lecture restrictive de la charia en ne consacrant pas le droit au logement à la femme divorcée. Les violences faites aux femmes touchent directement ou par ricochet, les enfants, sans compter tous les problèmes qui naissent de la promiscuité ou ceux de la crise du logement, aboutissant à la naissance d'enfants abandonnés. Ils sont plus de 3000 enfants à naître dans ces conditions chaque année, et les problèmes qu'ils posent sont d'un autre ordre: kafala ou tutelle. Malgré une fatwa émise par le Conseil supérieur islamique en 1991, et le décret exécutif signé le 13 janvier 1992 par le gouvernement de Sid-Ahmed Ghozali, pour faire correspondre sur le livret de famille les noms de l'enfant avec celui de la famille adoptive et de remise en cause, il y eut tellement de tergiversations et de remises en cause, qu'on ne peut que se féliciter que des mesures définitives puissent être prises par le gouvernement actuel pour protéger les enfants de la rue, qui vivent un véritable drame social.