Ils s'inquiètent du «manque d'écoute qui va déboucher inéluctablement vers une fermeture totale de toutes les entreprises». Les industriels laitiers affiliés à la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire de la Cipa dénoncent «l'immobilisme des pouvoirs publics quant à la non-application des décisions annoncées par le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem». M.Belkhadem avait, en effet, présidé le 3 mars dernier, un Conseil interministériel consacré, no-tamment à la filière lait. Un certain nombre de mesures destinées à préserver l'approvisionnement des unités de production, à assurer la disponibilité des produits sur le marché et à maintenir inchangés les prix au consommateur, pratiqués actuellement, ont été arrêtées. «Aujourd'hui, face à ces lenteurs, la bonne foi des industriels laitiers qui ont repris leur activité dans l'espoir d'une solution rapide, s'est malheureusement émoussée», déplorent-ils dans un communiqué parvenu, hier, à notre rédaction. Une réunion a été tenue, lundi dernier, pour débattre des préoccupations récurrentes de la profession. Il s'agit de la rareté et de l'augmentation du prix de la poudre de lait sur le marché mondial ainsi que l'augmentation du prix de tous les intrants nécessaires à la production du lait reconstitué. La difficulté à renouveler les stocks de la poudre de lait aux prix actuels et la fixation d'un prix de cession administré et ce depuis plus de six ans figurent aussi parmi les préoccupations des industriels de la filière lait. A ce jour, estiment ces derniers dans le même document, le prix de vente de sortie de l'usine est à 39,47DA/l alors que le prix de cession administré, six ans durant, plafonne à 23,35DA/l. Ils soulignent que les pouvoirs publics ont été alertés à plusieurs reprises tout en s'inquiétant du «manque d'écoute qui va déboucher, selon eux, inéluctablement vers une fermeture totale de toutes les entreprises». Le ministre du Commerce s'est clairement exprimé sur ce sujet en affirmant que le prix du lait ne sera pas augmenté. «Le citoyen algérien continuera à acheter son lait à 25DA», a-t-il précisé en marge de l'ouverture de la session de printemps de l'APN. Et pour parer aux éventuelles pénuries, le ministre a annoncé la création d'un Office national du lait. La nouvelle structure est le moyen approprié pour lutter contre la spéculation à laquelle fait face le marché laitier. L'Office aura pour mission la distribution et la régulation du marché national. Celles-ci se feront, soit par l'importation du lait en poudre et sa distribution aux transformateurs, soit par des subventions directes aux transformateurs du lait pour le sachet pasteurisé. «Les transformateurs vont être soutenus par l'Etat pour qu'ils ne travaillent pas à perte». A noter que le chef du gouvernement avait indiqué récemment, que la production nationale pour le secteur public est évaluée à 2,5 milliards de litres par an alors que celle du secteur privé est de 400 millions de litres par an. D'autres propositions ont été faites pour faire face à cette situation, notamment par l'Union nationale des paysans algériens (Unpa) qui propose un programme d'importation de 250.000 vaches laitières par an. Selon les représentants de cette organisation, «ce programme est en mesure, dans une échéance de deux à trois ans, d'assurer l'arrêt des importations qui coûtent au pays une facture annuelle de 700 millions de dollars».