L'Etat vole au secours de la filière lait, la grève prévue le 1er avril gelée. Six milliards de dinars seront déboursés par les caisses de l'Etat pour être alloués au groupe Giplait et ses 17 unités de production, toujours en activité, afin de parer, dès le mois prochain, à la pénurie de poudre de lait qui a eu pour effet de semer la panique au sein des familles algériennes, qui craignent, par-dessus tout, une augmentation du prix du sachet de lait. Le précieux liquide commence à se faire rare, un moment propice pour la spéculation qui s'est érigée en «théorie» économique. Le spectre des longues attentes devant les magasins et le recours au système D sont redoutés. L'Etat vient de mettre la main à la poche et l'espoir d'un «ouf» de soulagement est précis. Le décor. Giplait, un groupe qui emploie 4000 salariés, 40.000 tonnes de poudre de lait importée, principalement des Etats-Unis d'Amérique ainsi que des pays européens, pour faire face à la demande nationale du marché qui ne cesse de croître, 5% annuellement. Des conditions qui permettaient au groupe d'assurer, bon an, mal an, une production qui oscillait entre 560 et 580 millions de litres de lait, sans compter la production nationale locale, évaluée à un peu plus de 130 millions de litres annuels. Seulement voilà, c'était sans compter sur l'envolée du prix de la poudre de lait sur le marché mondial qui a atteint la coquette somme de 3000 dollars la tonne. Cette hausse brutale a suffi à mettre en difficulté certaines unités de production qui ont mis la clé sous le paillasson depuis, et soulevé les inquiétudes légitimes des transformateurs et producteurs de lait qui ont attiré l'attention des pouvoirs publics sur une rupture des stocks de la poudre de lait qui devenait imminente. La flambée des prix de la poudre de lait devait avoir pour conséquence l'augmentation du prix du sachet de lait qui pour être rentable, a été estimé à 38 dinars par les producteurs, un réajustement qui, si pour le moins était techniquement justifié, demeurait incompréhensible aux yeux du consommateur. L'Etat a décidé de s'y opposer. Le pire était à craindre, le sachet de lait semblait voué à disparaître, le spectre d'une grève était annoncé. La situation devenait explosive. L'annonce de la création d'un office national du lait allait tout de même contribuer à faire baisser la tension, un tant soit peu. L'agitation a repris de plus belle, ne voyant rien de concret venir, la filière de la production laitière s'est retrouvée à nouveau en effervescence. L'enveloppe de six milliards de dinars destinée à l'importation de la poudre de lait vient à point nommé desserrer l'étau de la crise. La filiale du groupe Giplait «Milk Trade» sera chargée de mettre en pratique le plan d'urgence préconisé par le partenaire social et qui a abouti au projet de création d'un office national du lait qui devrait permettre à la filière lait en Algérie de mieux respirer, mieux gérer les fluctuations du marché mondial et réguler le prix du litre de lait en sachet. Un observatoire qui ne dit pas son nom. La filière du précieux produit semble avoir encore de beaux jours devant elle. Le secteur a besoin d'être restructuré et réorganisé afin d'éloigner spéculateurs et prédateurs. D'autre part, la grève prévue le 1er avril, a été gelée sur décision unanime et suite à la réunion qui s'est tenue entre la Fédération nationale des travailleurs de l'industrie agroalimentaire (Fntiaa) et la SGP Tragal. Un signe de dénouement heureux de la crise attendu par tous.