La corruption politique est à la porte de l'APN. Tous les moyens sont permis pour accéder au siège de député. Les législatives de 2007 ont accouché d'un phénomène nouveau: un engouement sans pareil pour le siège de député. Les partis politiques ne sont pas, d'après la Constitution, le seul cadre d'exercice de la politique. Tout citoyen jouissant de ses droits civiques et politiques a le droit de postuler au poste d'élu du peuple, à condition de réunir cinq cents signatures pour le parrainer, d'où le foisonnement des listes dites indépendantes qui inondent la scène politique nationale. Le citoyen est harcelé afin que lui soit arrachée sa précieuse signature. Il fait l'objet d'un intérêt sans égal aux yeux de la classe politique et des nouveaux aventuriers qui se découvrent, soudainement, des talents d'épris de la chose politique et qui courent après un siège à l'APN pour bénéficier du fameux mandat qui ouvre les portes de la notoriété et bien d'autres portes. Le FLN et le PT ont déjà eu l'occasion de dénoncer des pratiques scandaleuses qui consistent à corrompre certaines personnes ou groupes de personnes pour gagner une place à l'hémicycle Zighoud Youcef. Louisa Hanoune parle même de mafiosi qui tentent d'investir l'Assemble nationale pour s'assurer une couverture politique et une immunité parlementaire à leurs petites et grandes affaires. On achète tout simplement des voix pour figurer sur telle ou telle liste électorale. La classe politique n'hésite plus à parler de dérive car de telles pratiques décrédibilisent le rôle d'élu du peuple et font planer le spectre de la disqualification des prochaines électorales aux yeux des citoyens. Les élections législatives attisent les convoitises d'une nouvelle classe sociale nouvellement constituée en Algérie, à savoir celle de la bourgeoisie. Les milliardaires algériens sont à la quête d'un statut politique. Le pouvoir exerce sur eux une fascination telle qu'ils n'hésitent pas à dépenser des fortunes pour un strapontin parmi la classe politique. Le cas de ce milliardaire, qui a poursuivi la représentante du Parti des travailleurs jusque dans l'aéroport pour lui faire transmettre son dossier de candidature, renseigne bien sur l'état de décomposition avancé des moeurs politiques dans notre société. On ne rentre pas quand même dans une pizzeria! Il s'agit de l'APN. Là où se font et se défont les lois de la République algérienne. Les élections prévues pour le 17 mai prochain se caractérisent par cette tendance sociale à vouloir à tout prix devenir député. Les postulants viennent d'horizons divers. De l'éminent professeur universitaire prêt à laisser tomber l'amphithéâtre et ses étudiants, au médecin du quartier, en passant par le commerçant du coin, tous considèrent qu'un mandat de député est le meilleur métier à exercer. Légiférer des lois pour gérer toute la nation est devenu une tâche accessible à tous aux yeux des Algériens. Quelque part, il y a une faille dans la législation algérienne qui n'a pas mis de balises de sécurité pour éviter au pays des situations chimériques de voir un apolitique dans l'hémicycle voter des lois au nom du peuple qui l'a élu. La corruption politique est plus dangereuse que toutes les autres. Elle ouvre la voie à un Etat de non-droit. A un non-sens généralisé. L'immunité parlementaire et le statut social de député sont les seules sources de motivation qui poussent certains postulants au jeu de la politique. Il ne faut donc pas s'étonner de l'image peu honorable de sièges vides que donne l'APN aux Algériens qui se méfient de plus en plus de la chose politique. Au fait, combien ça coûte un siège de député? Seconde question: combien rapporte le poste de député? Ces questions qui n'effleuraient pas l'esprit il n'y a pas si longtemps, les Algériens se les posent aujourd'hui...