Le compte à rebours est déclenché. Des Algériens vont vivre les dernières heures les plus longues avant que soient rendues publiques les listes des candidats à la législature de 2007. Anxiogènes, la plupart de ces futurs parlementaires sont «coachés», comme l'on dit, par de grands partis politiques. Ils vont briguer le suffrage d'électeurs qui ne se font pas beaucoup d'illusions quant au «miracle» que ces mêmes aspirants à l'Assemblée nationale sont capables de réaliser. Le passé a instruit les électeurs que les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent. La déception est grande et la désillusion sans limite. La bonne foi des Algériens est abusée sur la capacité réelle de nos députés à agir, à penser, à légiférer enfin pour remédier à la mal-vie et aux tracas de leur vie quotidienne. Les partis de la coalition au pouvoir, la «bande des trois», comme les surnomme aimablement la rue, ne doivent pas avoir le monopole du coeur des Algériens s'ils sont incapables de remettre de l'ordre dans les affaires de la nation. La confiance, ça se gagne et ça se mérite. L'APN ne doit plus être ce marigot de combinards, d'arrivistes et d'aventuriers de tout acabit, dont le seul souci est d'arracher une sinécure. L'éthique devra désormais gagner sa place dans les moeurs d'une assemblée ravalée, aujourd'hui, à une simple chambre d'enregistrement, habituée à toutes les combines, à toutes les compromissions et à toutes les lâchetés, pour peu que les intérêts personnels du clan ou de la famille du député soient assurés. En un mot comme en mille, notre Parlement souffre du manque de crédibilité. Admirez le retournement de veste dans des affaires aussi capitales pour l'avenir de l'Algérie, comme le débat sur les hydrocarbures! Les travées de l'Assemblée nationale sont souvent clairsemées, quand elles ne sont pas tout simplement vides. L'absentéisme se pratique, toute honte bue, en totale impunité. Tous les Algériens connaissent ce député «démocrate», chef de parti, qui n'a fait acte de présence qu'à deux reprises durant les cinq ans de son mandat: à l'ouverture et à la clôture de la législature en avril 2002. Connu pour sa gesticulation démagogique, ce bretteur du camp démocrate a bel et bien empoché la totalité de son traitement de «représentant du peuple» de près de 200.000 dinars par mois, avec, à la clé, un prêt à taux zéro pour l'acquisition d'un véhicule de direction ainsi que divers passe-droits. Légion sont ceux qui n'ont plus remis les pieds dans leur douar d'origine depuis leur victoire. Quelle victoire! Celle du mensonge, de l'esbroufe politique et de l'escroquerie intellectuelle. Comment pourrions-nous, dorénavant, accepter de tels comportements allant à l'encontre de nos propres valeurs morales et pour lesquelles 30 millions d'Algériens ont payé, pour leur rêve de démocratie, le prix de la douleur, du sang et des larmes? Le peuple, qui n'est pas exigeant au point de demander au député d'être un parangon de vertu, a fini par rompre les amarres avec un Parlement souffrant cruellement d'un manque de crédibilité dans une phase de mutation historique pour la nation. Le constat est grave. Parce que les éclaboussures du scandale, ç'en est bien un, rejaillissent sur toute cette vénérable institution incarnant le pouvoir législatif, case incontournable de tout système démocratique crédible. L'APN gagnerait à être une maison de verre. Les oripeaux de la tromperie et les masques, ceux de la concussion, doivent tomber. Les tricheurs doivent être désignés à la vindicte populaire. La moralisation de la pratique politique est devenue une exigence de l'heure. Le pouvoir est interpellé pour enrayer ce fléau, s'il ne souhaite pas ravaler l'Algérie au rang d'une République bananière. Sa frilosité à se réformer a conduit le peuple à douter. C'est dire que le ver est déjà dans le fruit. La députation ne devrait plus être, comme dit le jargon populaire, ´´l'occasion qui fait le larron´´.